Martine Aubry a annoncé vendredi 5 août l’annulation de la grande Braderie de Lille, la plus grande d’Europe, pour des raisons de sécurité. L’événement devait se dérouler, comme chaque année, le premier week-end de septembre. « Je me suis dit que s’il y avait un mort, je m’en voudrais toute ma vie », a expliqué la maire PS de la municipalité, lors d’une conférence de presse aux côtés du préfet du département, Michel Lalande.

Bien que les conditions de sécurité aient été « revues à la hausse » depuis l’attentat de Nice du 14 juillet, le périmètre de ce grand vide-greniers à ciel ouvert qui s’étend sur 10 km carrés a été jugé trop difficile à sécuriser deux jours durant. L’événement attire chaque année une foule dense de chineurs, badauds et autres « bradeux » amateurs de moules-frites et de bière. « Anglais, Belges et Hollandais » traversent la frontière pour y assister deux jours durant, rapporte Claude Sohet, président de la Fédération lilloise du commerce, de l’artisanat et des services (FLCAS). En 2015, plus de 2,5 millions de personnes se sont pressées dans les rues de la ville.

Des litres de bière et des tonnes de moules

La décision d’annuler cet événement plonge les commerçants et les professionnels du tourisme dans l’embarras. Fallait-il annuler ? « C’est une erreur. Tout annuler, c’est abandonner une partie de notre liberté », estime Thierry Grégoire, président de la branche des professions saisonnières de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). Ce responsable patronal régional rappelle que « ni l’Euro de football, ni le Tour de France n’ont été annulés ». Il aurait « fallu formater l’événement différemment », juge-t-il.

Commerçants et hôteliers s’inquiètent des conséquences économiques de cette décision. « La Braderie de Lille, c’est un événement culturel et économique », observe Claude Sohet. Deux jours durant, les restaurateurs servent des litres de bière et des tonnes de moules. « Annuler est une catastrophe économique », juge Thierry Grégoire.

A l’en croire, faute de Braderie de Lille, le secteur de l’hôtellerie régionale devrait perdre une « bonne dizaine de millions d’euros ». Car, les jours de grande braderie se rangent « parmi les premiers jours d’activité pour les restaurateurs qui effectuent alors 24 heures de service », rapporte Norman Lacquemant, président de l’Union commerciale du secteur piétonnier lillois. Les commerçants s’inquiètent aussi de « l’image de la France donnée ainsi à l’étranger », note Thierry Grégoire.

Toutefois, plusieurs voix s’élèvent pour exiger le « respect de la décision de Martine Aubry ». Lors de la Braderie, « il faut parfois deux heures pour parcourir 100 mètres », raconte Norman Lacquemant. « S’il se passe quelque chose, vous imaginez le carnage ? », observe ce commerçant de la rue de Béthune qui invite tous les commerçants lillois à « regarder devant » et à « faire la braderie dans leurs magasins » les 3 et 4 septembre.