C’est un nouveau coup dur pour Sanofi. Son antidiabétique Lantus ne fait plus partie de la liste de médicaments remboursés aux Etats-Unis par CVS. La chaîne de pharmacies l’a annoncé, mardi 2 août. A partir du 1er janvier 2017, le groupe américain, qui à la fois assure 80 millions de personnes et exploite 9 600 pharmacies dans le pays, fera des économies : à l’ampoule de Lantus vendue 260 dollars (233 euros), il préférera le Basaglar, un médicament biosimilaire – l’équivalent d’un générique – que son concurrent américain, Eli Lilly, lancera en décembre à un prix inférieur de 15 %. CVS a également écarté le Toujeo, antidiabétique que Sanofi venait tout juste de lancer aux Etats-Unis, précisément pour prendre le relais du Lantus.

Le groupe pharmaceutique français présidé par Olivier Brandicourt s’est dit, mercredi 3 août, « déçu par cette décision ». « Professionnels de santé et patients devraient avoir le choix du traitement et accès à la thérapie adaptée aux besoins de leur pathologie », a-t-il fait réagir par communiqué.

La déception de M. Brandicourt s’explique aisément. Le Lantus est une insuline qui pèse très lourd dans ses comptes. Rien qu’en 2015, ses ventes ont dépassé les 6,3 milliards d’euros, soit près de 15 % de ses ventes mondiales. Et, outre-Atlantique, où l’obésité et le diabète font des ravages, le marché américain ne représente pas moins des deux tiers des ventes de ce médicament.

Attaqué de toutes parts

Sanofi, qui, par ailleurs, a obtenu, jeudi 4 août, l’aval de la Commission européenne pour son opération d’échanges d’actifs de plus de 20 milliards d’euros avec l’allemand Böhringer Ingelheim, s’efforce, cependant, de minimiser l’incidence financière de ce déréférencement. CVS « n’est qu’un des clients du groupe aux Etats-Unis », avance un porte-parole.

Le groupe dit avoir « anticipé » la fin de carrière du Lantus, médicament qui, en dix ans, lui a procuré plus de 35 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Plus exactement, il y a été contraint : le brevet de son principe actif – l’insuline glargine – est tombé au printemps 2015.

Depuis, Sanofi est attaqué de toutes parts par le lancement de biosimilaires par ses concurrents, outre-Atlantique comme en Europe. Parmi eux figurent le danois Novo Nordisk, numéro un mondial du diabète, ou l’américain Eli Lilly, qui s’est allié à l’allemand Boehringer-Ingelheim en Europe. Au deuxième trimestre de son exercice 2016, le français a vu ses ventes de Lantus chuter de 3,2 % à taux de change constants, pour s’établir à 1,86 milliard d’euros.

Privé d’un gros débouché

La déception de Sanofi est d’autant plus grande que, parmi la liste des 37 médicaments bannis par CVS, figure aussi le Xtandi. Or, en mai, cet anticancéreux révolutionnaire avait précisément motivé le lancement d’une OPA de Sanofi sur son fabricant, le californien Medivation.

Le groupe français refuse de commenter la décision de CVS, qui le priverait d’un gros débouché, ainsi que son incidence sur la valeur de Medivation. « L’argument pourrait être utilisé lors de ses négociations », observe Philippe Lanone, analyste financier chez Natixis. Sanofi en a proposé 9 milliards de dollars. Au grand dam des dirigeants du californien, qui en espéraient plus. Ils pourraient changer d’avis.