Un portrait d’Adama Traoré, le 30 juillet, gare du Nord à Paris. | DOMINIQUE FAGET / AFP

Deux plaintes visant les forces de l’ordre ont été déposées par la famille d’Adama Traoré, jeune homme mort des suites de son interpellation le 19 juillet dans le Val-d’Oise. Contacté par l’agence de presse, le procureur de Pontoise, Yves Jannier, a affirmé n’avoir pas été informé de ces procédures, déclarant n’avoir « aucun commentaire à faire » sur celles-ci.

« Violences volontaires »

La première plainte, avec constitution de partie civile, a été déposée auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal de Pontoise pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner », a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) Yassine Bouzrou, avocat de la mère et de quatre des frères et sœurs de la victime.

Lors de son arrestation, le jeune homme avait été maintenu au sol sous « le poids des corps » de trois gendarmes, selon une source proche de l’enquête citant les déclarations de l’un des militaires. Cette technique destinée à le maîtriser pourrait, selon Me Bouzrou, être à l’origine du « syndrome asphyxique » constaté lors de deux autopsies.

« Faux en écritures publiques »

La seconde plainte, qui devait être déposée auprès du procureur de Pontoise et dont l’AFP a eu copie samedi 6 août, la famille accuse une gendarme de « faux en écritures publiques aggravés, dénonciation calomnieuse, modification de scène de crime ». La mise en cause est accusée d’avoir noté à tort sur procès-verbal que la victime avait tenté de s’interposer à l’interpellation de son frère et commis des violences contre un militaire.

« Il est donc permis de penser » que ce PV a été rédigé « dans le dessein de protéger ses collègues et de nuire à la manifestation de la vérité dans le cadre de l’enquête relative aux causes de la mort de Monsieur Adama Traoré », est-il écrit dans cette plainte.

Inhumé au Mali

La mort d’Adama Traoré, 24 ans, qualifiée de « bavure » par ses proches, a entraîné plusieurs nuits de violences dans la petite ville de Beaumont-sur-Oise et dans les communes voisines. Les causes de son décès restent à ce jour inconnues. La section de recherches de Versailles (gendarmerie) et l’Inspection générale de la gendarmerie sont chargées des investigations, menées depuis le 20 juillet sous l’autorité d’une juge d’instruction. Le corps du jeune homme devait partir samedi pour le Mali, où il sera inhumé.