Dans un bureau de vote à Bangkok en Thaïlande, le 7 août. | LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP

Les Thaïlandais ont commencé à se prononcer dimanche 7 août sur une nouvelle Constiution, qui permettrait à la junte militaire au pouvoir de noyauter la scène politique. L’un des articles les plus controversés prévoit ainsi que le Sénat soit nommé : même après le retour des élections, le Parlement se retrouvera sous la coupe d’une chambre haute que les généraux continueront de contrôler. Quelque 50 millions d’électeurs sont appelés aux urnes.

Des résultats préliminaires sont attendus dans la soirée. En l’absence de débat – en raison d’une loi punissant les critiques de dix ans de prison –, peu d’informations de fond ont circulé. Les tracts distribués par la commission électorale, dont l’impartialité est sujette à caution, insistent simplement sur « le bonheur » à venir. Il s’agit d’« empêcher les personnes malhonnêtes de faire de la politique », dit le tract, sans détailler non plus les entraves imposées par le texte aux partis politiques.

Le référendum a d’ores et déjà été très critiqué par la communauté internationale en raisons des arrestations et rappels à l’ordre d’opposants pour avoir appelé à voter contre, de la fermeture de la principale chaîne d’opposition...

Inquiétudes sur l’avenir de la royauté

Le but de cette nouvelle Constitution est de modifier en profondeur le système politique du pays, afin d’empêcher durablement le retour aux manettes de l’opposition, incarnée par l’ex-premier ministre Thaksin Shinawatra et sa sœur Yingluck, dont le gouvernement a été balayé par le coup d’Etat de 2014. Jusqu’ici, les militaires avaient principalement eu recours aux coups d’Etat, mais les Shinawatra étaient toujours revenus au pouvoir sitôt des élections organisées.

Cette fois-ci, il s’agit pour les élites ultra-royalistes, au premier rang desquelles l’armée, de verrouiller le système, dans une période d’inquiétude sans précédent quant à l’avenir de la royauté : le souverain Bhumibol, 88 ans, étant hospitalisé et invisible depuis des mois. Dans ce pays aux violentes manifestations cycliques, la grande inconnue reste la stratégie de réplique des Chemises Rouges, puissant mouvement de soutien à Thaksin et Yingluck Shinawatra, très populaires dans le nord et le nord-est.