Coup dur pour Air France. L’inspection du travail a refusé, jeudi 21 janvier, d’autoriser le licenciement du délégué du personnel (CGT) accusé par l’entreprise d’avoir agressé deux vigiles et le DRH Xavier Broseta le 5 octobre.

Dans sa décision, l’inspection du travail indique que les « faits invoqués pris dans leur ensemble ne permettent pas à établir l’existence d’une faute lourde commise par le salarié, caractérisant son intention de nuire vis-à-vis de l’entreprise ». Le délégué était accusé par la direction d’avoir « poussé et bousculé un autre salarié » en direction du DRH. Mais pour l’inspection du travail, « il est impossible de déterminer avec certitude » s’il « bouscule des salariés volontairement, ou s’il est lui-même chahuté ».

Il était en outre reproché au délégué d’avoir « agressé un des vigiles en le poussant violemment, entraînant sa chute brutale, ainsi que celle de Monsieur Broseta et de l’autre vigile ». L’inspection du travail ne conteste pas la scène décrite mais son interprétation puisque, selon elle, le visionnage des images télévisées avancées comme preuve « ne permet pas de déduire la force de la poussée » et « qu’en conséquence son caractère violent ne peut être établi ».

Recours d’Air France non suspensif

Peu après cette annonce, Air France a annoncé qu’il allait formuler un recours auprès de la ministre du travail, conformément à ce que prévoit le code du travail. La compagnie aérienne souhaite ainsi rappeler « son attachement inconditionnel à ses valeurs fondamentales, parmi lesquelles le refus de la violence ».

Le recours n’étant pas suspensif, la compagnie devra tout de même réintégrer le salarié d’Air France Industries, employé dans la branche maintenance, et lui payer le salaire non perçu depuis sa mise à pied conservatoire sans solde prononcée le 16 octobre, a précisé à l’Agence France-Presse Mehdi Kemoune, responsable juridique de la CGT à Air France. Selon le code du travail, « si le licenciement est refusé, la mise à pied est annulée, et ses effets, supprimés de plein droit ».

Le représentant du personnel était sous le coup d’une procédure de licenciement pour faute lourde, accusé d’avoir commis des « agressions physiques » contre Xavier Broseta, alors DRH d’Air France, et deux vigiles, le 5 octobre lors d’une manifestation contre un plan de suppressions de postes. L’image de Xavier Broseta fuyant la foule en escaladant un grillage, la chemise arrachée, avait fait le tour du monde.

Quatre autres employés d’Air France ont été licenciés dans le cadre de cette affaire. « On demande que les quatre autres soient de fait réintégrés » car l’inspection du travail « confirme qu’ils ont été pris pour l’exemple et qu’il n’y a aucune preuve d’agression », a commenté Mehdi Kemoune.

Les cinq hommes doivent être jugés le 27 mai au tribunal correctionnel de Bobigny pour violence.

Air France : le CCE interrompu par des centaines de manifestants
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