Donald Trump à Detroit, le 8 août. AP Photo/Evan Vucci | Evan Vucci / AP

Cinquante républicains ayant exercé d’importantes fonctions dans l’appareil américain de sécurité nationale ont dénoncé lundi l’ignorance et l’incompétence de Donald Trump, dans une lettre ouverte publiée par le New York Times. Selon eux, il pourrait devenir « le président le plus dangereux de l’histoire américaine ». Les auteurs de cette lettre ont travaillé à la Maison Blanche, au département d’Etat ou au département de la défense pour des présidents républicains, de Richard Nixon à George W. Bush.

Parmi les signataires, on trouve par exemple Michael Hayden, ancien directeur de la CIA sous George W. Bush, ou encore John Negroponte, ancien directeur du renseignement national et numéro deux du département d’Etat sous George W. Bush. Si cette lettre n’appelle pas explicitement à voter pour la candidate démocrate à la Maison Blanche, Hillary Clinton, ils écrivent néanmoins : « Aucun de nous ne votera pour Donald Trump. »

« Ni la personnalité, ni les valeurs, ni l’expérience »

Ils le déclarent non qualifié pour le poste de président et de commandant en chef des armées, à la fois en raison de son manque de compétences et pour l’instabilité de son caractère. « M. Trump n’a ni la personnalité, ni les valeurs, ni l’expérience pour devenir président », écrivent-ils, soulignant qu’il affaiblirait l’autorité morale des Etats-Unis dans le monde et qu’il semblait ignorer les aspects élémentaires de la Constitution et du droit américains « comme la tolérance religieuse, la liberté de la presse et l’indépendance des institutions judiciaires ».

Non seulement Donald Trump démontre une « ignorance alarmante » dans le domaine des affaires internationales, mais « il n’a manifesté aucun désir de s’informer », affirment ces experts. « M. Trump a démontré à maintes reprises qu’il comprend mal les intérêts vitaux du pays, ses défis diplomatiques complexes, ses alliances indispensables et les valeurs démocratiques sur lesquelles la politique étrangère des Etats-unis doit être fondée. »

Reprenant les critiques d’Hillary Clinton, les signataires de la lettre soulignent que le milliardaire ne fait preuve ni de discipline, ni de maîtrise de soi, et qu’il est « incapable de tolérer les critiques personnelles ». « Il a alarmé nos alliés les plus proches en raison de son comportement fantasque », écrivent-ils. « Ces particularités sont dangereuses chez un individu qui voudrait devenir président et commandant en chef, ayant la responsabilité de l’arsenal nucléaire américain. »

Donald Trump riposte en fustigeant « l’élite washingtonienne »

L’intéressé a répondu dans un communiqué en décrivant ces responsables comme « rien mieux que l’élite washingtonienne qui a échoué et cherche à s’accrocher à ses pouvoirs ». Donald Trump leur reproche d’être « les auteurs des décisions désastreuses d’envahir l’Irak, de permettre à des Américains de mourir à Benghazi et d’être ceux qui ont permis l’ascension de l’EI [le groupe Etat islamique] ».

Cette lettre ouverte intervient alors que les caciques du Parti républicain sont de plus en plus nombreux à prendre leurs distances avec Donald Trump. Une résistance qui s’organise depuis le mois de mars mais que la nomination officielle de Donald Trump comme candidat après la convention républicaine de juillet contribue à accélérer.

Certains des signataires de cette lettre avaient déjà signé une tribune contre Donald Trump en mars, mais de nouveaux responsables se sont exprimés lundi. Ils s’ajoutent à des figures de l’establishment sécuritaire comme Michael Morell, ancien directeur adjoint de la CIA, qui a appelé à voter Hillary Clinton vendredi dernier en accusant Donald Trump d’être « exploité » par le président russe Vladimir Poutine. Les anciens chefs de la diplomatie républicains Henry Kissinger et Condoleezza Rice sont pour l’instant silencieux sur leur préférence pour le scrutin de novembre.

Le candidat républicain, fustigé par l’establishment du Grand Old Party pour son « comportement fantasque » a récidivé mardi, sur Twitter, en faisant le lien entre les e-mails d’Hillary Clinton (qui a utilisé un serveur privé pour sa correspondance alors qu’elle était secrétaire d’Etat, entre 2009 et 2013) et l’exécution en Iran d’un scientifique soupçonné d’espionnage pour le compte des Etats-Unis.

« Beaucoup de gens disent que les Iraniens ont tué le scientifique qui a aidé les Etats-Unis à cause des e-mails piratés d’Hillary Clinton ».

Le FBI n’a établi aucune preuve du piratage de ces e-mails ni n’a démontré qu’ils aient porté atteinte à la sécurité des Etats-Unis et les charges contre Mme Clinton ont été abandonnées en juillet. En réponse à Donald Trump, le porte-parole d’Hillary Clinton a ironisé sur Twitter : « “Beaucoup de gens disent” = “Je viens de l’inventer” ».