Rafaela Silva est la première championne olympique brésilienne des Jeux 2016. | Markus Schreiber / AP

À 24 ans, Rafaela Silva vient de faire chavirer le bouillant public carioca. La judokate a remporté lundi après-midi la première médaille d’or brésilienne de ces Jeux olympiques à domicile. Originaire d’une favela de Rio, la fameuse Cidade de Deus (cité de Dieu) immortalisée à l’écran par le cinéaste Fernando Meirelles, concepteur de la cérémonie d’ouverture des JO 2016, la combattante des - 57 kg a triomphé en finale de la Mongole Dorjsürengiin Sumiya.

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« Que quelqu’un comme moi qui vient de la cité de Dieu et a commencé le judo à cinq ans comme une plaisanterie devienne championne olympique, c’est inexplicable », a réagi Rafaela Silva, en pleurs sur le podium et dont un tatouage sur le bras évoque son parcours difficile : « Seul Dieu sait combien j’ai souffert et ce que j’ai fait pour en arriver là ».

Déjà sacrée en 2013 lors des Mondiaux organisés dans sa ville natale, la jeune femme semble à chaque fois transcendée à l’idée d’évoluer devant les siens. A l’Arena Carioca 2, l’ambiance a été à la hauteur de l’attente d’un pays. Toute la famille de l’athlète était présente. La chaîne sportive brésilienne SporTV n’a pas manqué l’occasion d’interroger un par un son père, sa mère et ses deux sœurs. Et de leur faire reprendre le chant dédié par ses supporteurs : « Rafa, ohé, ohé, ohé. Rafa, Rafa ».

Rafaela Silva  se jette dans la foule de l’Arena Carioca 2 lundi après son titre olympique. | JACK GUEZ / AFP

Commentaires racistes en 2012

Grâce à ses talents, la nouvelle championne olympique a pu faire sortir de la pauvreté les siens. La famille habite maintenant dans le quartier plus tranquille de Freesia. Disqualifiée de manière précoce lors des Jeux 2012, la judokate avait à l’époque subi des commentaires racistes sur les réseaux sociaux. Sa revanche n’en est que plus éclatante. « J’ai vu des commentaires sur les réseaux sociaux qui disaient que les singes n’avaient pas leur place aux JO, mais dans une cage. Mais l’icône de mon sport, c’est le Français Teddy Riner, il est noir, donc ces commentaires n’ont aucun sens », a lancé Silva lundi, confessant qu’elle avait failli arrêter le judo.

Malheureux samedi avec les échecs de Sarah Menezes, championne olympique à Londres, et Felipe Kitadai, médaillée de bronze en 2012, le judo brésilien retrouve donc le sourire. Premier pourvoyeur de médailles aux JO, avec désormais 20 au compteur, cette discipline doit beaucoup à l’influence de l’importante immigration japonaise arrivée dans le géant sud-américain à partir du début du XXe siècle. Et maintenant, à une enfant de ses favelas…