La mort de Mario Woods, le 2 décembre 2015, a été filmée par des smartphones. La scène ressemble à un peloton d’exécution et est maintenant analysée au cours d'une enquête sur la police de San Francisco. | JEFF CHIU/AP

Le département américain de la justice a annoncé lundi 1er février l’ouverture d’une vaste enquête sur la police de San Francisco, dans le sillage d’un retentissant scandale causé par la mort dans la ville californienne d’un Noir abattu par des officiers.

« Dans les jours et les mois qui viennent, nous allons examiner les protocoles opérationnels actuels de la police de San Francisco, ses modes de formation, ses mécanismes de responsabilité, afin de déterminer les domaines clés d’amélioration future », a déclaré la ministre de la justice, Loretta Lynch.

Cette investigation fédérale intervient deux mois après l’ouverture de procédures similaires visant les forces de l’ordre de Chicago (Illinois, nord-est) et neuf mois après le début d’une enquête sur la police de Baltimore (Maryland, est).

Les trois métropoles ont été le théâtre de manifestations populaires après la mort de jeunes Afro-Américains. La décision de Washington intervient d’ailleurs au lendemain d’une marche à San Francisco lors de laquelle des centaines de personnes ont appelé au limogeage du chef de la police, Greg Suhr.

Profonde défiance communautaire

L’entrée en jeu des autorités fédérales s’inscrit dans un contexte de profonde défiance communautaire dans plusieurs villes des Etats-Unis, où des brutalités policières ont coûté la vie à des Noirs et déclenché des protestations nationales, voire des émeutes.

Le ministère n’a pas mentionné explicitement, lundi, l’affaire Mario Woods, dont la mort, le 2 décembre, suscite depuis une vive controverse, la scène ayant été enregistrée par des smartphones.

Les circonstances la mort brutale de cet Afro-Américain de 26 ans ont en effet été comparées à celles d’un peloton d’exécution : au moment où il a été fauché par les balles des officiers, l’homme de petite taille était debout et en partie recroquevillé contre un mur, tenu en joue par au moins six agents des forces de l’ordre.

Selon les policiers, Mario Woods, connu de la justice, refusait de lâcher un couteau qu’il tenait en main. Le maire de San Francisco, Edwin Lee, avait qualifié de « très perturbante » la vidéo des faits et promis une enquête transparente.

Racisme ou abus de pouvoir

Ce drame fait écho à l’homicide d’un adolescent noir par un policier blanc à Chicago, dont les images rendues publiques le 24 novembre ont entraîné une onde de choc aux effets durables dans la troisième ville des Etats-Unis. Jason Van Dyke avait ouvert froidement le feu en octobre 2014 sur Laquan McDonald, 17 ans, le criblant de 16 balles.

Après avoir entraîné le renvoi de Garry McCarthy, le chef de la police de la localité, cette bavure a déclenché une retentissante enquête fédérale et placé en difficulté le maire démocrate, Rahm Emanuel.

Ces dix-huit derniers mois, les autorités fédérales ont lancé des investigations dans d’autres villes des Etats-Unis, où les policiers ont été accusés de racisme ou d’abus de pouvoir, comme à Baltimore ou à Ferguson, Missouri (centre). Dans la première, de violents incidents ont éclaté au printemps dernier après la blessure fatale subie par Freddie Gray, un Noir de 25 ans, dans un fourgon des forces de l’ordre. La deuxième a, quant à elle, été le théâtre de manifestations et d’émeutes à l’été 2014 après la mort de Michael Brown, un Noir de 18 ans abattu par un officier.