Benoît Paire lors de sa défaite face à Fabio Fognini à Rio, le 9 août 2016. | MARTIN BERNETTI / AFP

Au Parc olympique de Rio se déroule une compétition intéressante entre la natation et le tennis français, dont l’enjeu semble être de faire le plus parler de soi pour de mauvaises raisons. Et il faut bien reconnaître que si la première a frappé fort mardi avec l’explosion du relais 4 x 200, le second avait pris plusieurs longueurs d’avance depuis le début des Jeux.

Le premier coup d’éclat a été signé par Kristina Mladenovic et Caroline Garcia, victorieuses du tournoi de double cette année à Roland-Garros, et qui ambitionnaient d’en faire autant à Rio, du haut de leurs 3e et 4e rangs mondiaux de la spécialité. Les Françaises ont d’abord subi dès leur entrée en lice la loi des redoutables Eri Hozumi et Misaki Doi, 55e et 103e mondiales, avant que Kristina Mladenovic n’explique la déroute par un problème d’ordre vestimentaire dû à l’incurie de la Fédération française de tennis, à laquelle elle décidait de mettre le feu dans une série de tweets brûlants.

Le Directeur technique national Arnaud di Pasquale s’est défendu de toute négligence, a dit en « vouloir énormément sur la forme » à la joueuse, qui a mis un peu d’eau dans son vin depuis, mais n’a pas renié le fond de sa pensée.

Le fiasco s’est poursuivi de façon plus traditionnelle, sur le plan sportif, avec la disparition dès le second tour, en simple, de l’ensemble du contingent féminin (Mladenovic, Garcia, Cornet). Mais il n’y avait là rien de très surprenant, contrairement à l’élimination d’entrée de jeu de Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert, n°1 mondiaux et vainqueur de l’US Open et de Wimbledon, surpris par les Colombiens Juan Sebastian Cabal et Robert Farah, classés au 30e rang mondial.

Nicolas Mahut (à droite) and Pierre-Hugues Herbert, lors de leur défaite au premier tour à Rio, le 7 août 2016. | LUIS ACOSTA / AFP

Mauvais karma également pour le n°1 français, Jo-Wilfried Tsonga : éliminé dès le premier tour du tournoi de double, qu’il disputait sans grandes ambitions aux côtés de Gaël Monfils, et dès le second en simple face au Luxembourgeois Gilles Muller, 37e mondial, une défaite visiblement causée par une douleur à un orteil, et qui sembla chagriner le Manceau de Gingins.

Benoît Paire, lui, a au contraire, avait l’air presque ravi de disparaître du tournoi olympique au second tour, battu après avoir eu une balle de match face à l’Italien Fabio Fognini : « Maintenant, je sais comment se passent les jeux Olympiques. Je garderai mon avis pour moi mais je suis très content de partir (...). C’était un tournoi où il n’y avait pas de points, pas d’argent. Le but, c’est de bien s’entraîner pour préparer la semaine prochaine. C’est ce que j’ai fait. Je suis très content. J’ai fait deux matchs, je me suis bien battu. C’est une bonne préparation pour la suite. »

L’Avignonnais, qui n’est venu jouer à Rio qu’en raison du forfait de Richard Gasquet, a également eu des mots doux pour la Fédération française de tennis : « Les JO, ce n’est pas comme on le croit. La Fédération, ils sont inexistants. » Peut-être savait-il alors déjà qu’Arnaud Di Pasquale avait décidé de l’écarter de la délégation française, ce qu’il avait de toute façon manifestement l’intention de faire. « J’annonce l’exclusion de Benoît Paire après plusieurs recadrages, de nombreuses discussions et pas mal de manquements aux règles de vie, a fait savoir le DTN. On ne peut pas bafouer comme cela les règles et le maillot. C’est inadmissible. C’est un manque de respect vis-à-vis de ses camarades et du staff. Ce n’est pas la première fois qu’on l’avertit. L’équipe de France, ce n’est pas open bar. Il y a des règles à respecter. » Pas plus de précisions pour l’instant.

Monfils ou le double mixte pour sauver les meubles

Mercredi, Benoît Paire a tenu, à son tour, à adoucir son discours, par un communiqué : « Je suis malheureusement impulsif et je regrette cette sortie médiatique. Je tiens à m’excuser de l’interprétation de certains de mes propos auprès de la France, des Français et de mes sponsors. J’aime les Jeux Olympiques et je suis très fier d’avoir pu porter les couleurs du maillot Français. Je n’étais pas dans les meilleures dispositions psychologiques en raison de problèmes d’organisation et de communication dont je ne suis pas responsable. D’ailleurs, je ne suis pas le seul à l’avoir fait remarquer. Je souhaite le meilleur à tous les athlètes français encore présents à Rio. »

En tennis, il reste Gilles Simon, opposé à l’Espagnol Rafael Nadal ce soir en huitième de finale, et Gaël Monfils, qui affronte le Croate Marin Cilic. Enfin, tout n’est pas perdu pour les spécialistes français du double, qui se sont mélagés – Caroline Garcia avec Nicolas Mahut, Kristina Mladenovic avec Pierre-Hugues Herbert – pour partir sur les traces de Suzanne Lenglen et Max Décugis, vainqueur du tournoi de double mixte aux Jeux d’Anvers en 1920.

Le court central du tournoi de Rio 2016. | MARTIN BERNETTI / AFP