La France est-elle la cible d’attentats parce qu’elle faible ou forte ? C’est à ce sujet que le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, et l’exécutif, en la personne de François Hollande et de Manuel Valls, se sont affrontés jeudi 11 août par déclarations interposées.

A l’origine de la discorde, un entretien de Nicolas Sarkozy paru dans l’hebdomadaire de droite Valeurs actuelles. L’ancien chef de l’Etat y dit sentir « la république suffoquer », fragilisée par les attaques terroristes de 2015 et de 2016 :

« En vingt mois, il y a eu 237 Français assassinés. Ils le sont parce que les barbares qui nous attaquent croient que nous sommes faibles. Voilà la vérité. Et donc ils se déchaînent. Cette situation est insupportable. »

Une déclaration publiée jeudi matin, au moment où le président François Hollande réunissait à l’Elysée un nouveau conseil restreint de défense en présence du chef de gouvernement et de plusieurs ministres pour faire le point sur les opérations antiterroristes en cours, à l’intérieur et à l’extérieur de la France.

« La France est forte »

A l’issue de la réunion, M. Hollande n’a pas manqué de répliquer à M. Sarkozy. En déplacement à Tulle pour visiter l’école de gendarmerie où sont formés des réservistes de la gendarmerie nationale, François Hollande a rétorqué jeudi 11 août que c’est justement « parce qu’elle est forte » que la France est attaquée.

« La France, elle est forte, forte de sa jeunesse, forte de l’engagement de nos concitoyens et c’est parce qu’elle est forte qu’elle peut répondre aux menaces, parce qu’elle est forte qu’elle est aussi attaquée ».

Des propos qui rejoignent ceux du premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, publiés dans une interview à Libération, jeudi 11 août :

« Si les djihadistes attaquent la France parce qu’elle est faible, comme [Nicolas Sarkozy] le dit, il faudrait critiquer la présidence Sarkozy avec l’attaque de Mohamed Merah. C’est l’inverse : la France est attaquée parce qu’elle assume son rang, parce qu’elle défend des valeurs et des principes républicains, une liberté d’opinion, de croyance, la laïcité. Le discours pessimiste militant de Nicolas Sarkozy, sa volonté effrénée de rabaisser la France, tout cela nous affaiblit. »

89 nouvelles assignations à résidence

Au cours de la journée, Manuel Valls a également récusé l’analyse du président des Républicains, lors d’un déplacement à Montluçon en compagnie de Bernard Cazeneuve, à la rencontre de jeunes réservistes dans une école de gendarmerie.

Le premier ministre a déclaré :

« Nous sommes attaqués d’abord parce que nous sommes la France, parce que nous sommes le pays des droits de l’homme et du citoyen, parce que nos valeurs rayonnent depuis des décennies dans le monde. Ce sont ces valeurs d’égalité, de liberté, de fraternité qui sont aujourd’hui attaquées par les terroristes. Parce que nous sommes aussi le pays qui revendique la laïcité (...). Nous sommes attaqués parce que l’islam est la deuxième religion de notre pays. »

Lors de ce déplacement, M. Valls a aussi livré plusieurs chiffres. Le premier ministre a évoqué l’assignation de 89 nouvelles personnes à résidence depuis la prolongation de l’état d’urgence le 21 juillet. Selon lui, ce sont aussi 182 perquisitions administratives qui ont été effectuées et 38 800 personnes qui ont été contrôlées au cours de 466 opérations de contrôle d’identité.

Lors de son discours devant les futurs réservistes de l’école de gendarmerie, Manuel Valls a cependant prévenu : « Nous connaîtrons sans doute, même si nous faisons tout pour l’éviter, de nouveaux attentats. » « Nous ne le disons pas par fatalité » mais « par lucidité, par devoir de vérité à l’égard de nos concitoyens, car « vaincre l’islamisme radical prendra du temps. C’est le défi d’une génération, votre génération », a-t-il dit aux jeunes réservistes.