Chaque jour ou presque depuis le 26 juillet, tous les journaux togolais consacrent leur Une au « Wacemgate », du nom de la la cimenterie Wacem-Fortia. Des enquêteurs de L’Alternative (partenaire du Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ) au Togo) qui ont eux accés aux « Panama Papers » ont ainsi remonté les complexes circuits financiers de deux magnats indiens, Prasad Motaparti Siva Rama Vara et Manubhai Jethabhai Patel, qui orchestrent un petit empire industriel en Afrique de l’ouest, en République démocratique du Congo et à Madagascar.

Au Togo, leur groupe, Wacem, détient notamment une importante cimenterie. Mais leurs revenus s’évaporent dans des paradis fiscaux à travers un entrelacs de sociétés-écrans créées par le cabinet panaméen, Mossack Fonseca, aux îles Vierges britanniques.

Parmi les actionnaires des sociétés offshore des deux hommes d’affaires indiens, il y a le premier ministre togolais, Komi Sélom Klassou. Ce qui a suscité l’indignation.

Des manifestations prévues

« Lorsqu’on prête serment pour sauvegarder l’intérêt du pays et qu’on passe son temps à le piller à grande échelle, il s’agit d’un crime de haute trahison qui donne lieu à un jugement », peut-on lire dans les colonnes de l’hebdomadaire La Dépêche. « Démission pour Klassou », titre de son côté L’Eveil de la Nation.

Le monde politique s’est emparé du sujet. Les partis de l’oppositions s’en sont donnés à coeur joie pour vitupérer ce « discrédit », cette « honte » et appeler à la démission ou au limogeage du premier ministre. La formation politique de l’ancien chef de gouvernement, Agbéyomé Kodjo, Bâtir dans l’Unité un Togo Solidaire (OBUTS), a demandé un « examen de tous les contrats miniers concédés par l’Etat ». Le parti de l’ancien candidat à la présidentielle togolaise, Aimé Gogué, souligne que le gouvernement « devrait [en] tirer les conséquences ».

Une coalition de trois ONG, dont la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (Ltdh), appelle pour sa part à une « grande mobilisation pour deux jours de sit-in » les 30 et 31 août devant le ministère de la justice. Objectif de la société civile : contraindre les autorités judiciaires à se saisir du dossier « Wacem ».