Le président ukrainien, Petro Porochenko, a présidé un conseil de défense et de sécurité extraordinaire à Kiev le 11 août. | Mykola Lazarenko / AP

L’Ukraine a placé ses troupes en état alerte le long de la ligne de démarcation avec la Crimée, jeudi 11 août, à la suite d’un brusque regain de tension avec la Russie plus de deux ans après que celle-ci a annexé ce territoire ukrainien.

« J’ai ordonné à toutes les unités dans les régions situées au niveau de la frontière administrative avec la Crimée et le long de la ligne de front dans le Donbass [dans l’est de l’Ukraine] de se mettre en état d’alerte », a annoncé jeudi le président ukrainien, Petro Porochenko, sur Twitter. Quelques heures auparavant, c’est Vladimir Poutine qui réunissait le conseil de sécurité russe. « Des mesures supplémentaires ont été discutées pour assurer la sécurité des citoyens et les infrastructures vitales de la Crimée », écrit le Kremlin dans un communiqué.

Les Etats-Unis se sont dits « extrêmement inquiets », appelant les deux camps à éviter toute « escalade ». « Il est maintenant temps de réduire les tensions (...) et de retourner aux discussions. Nous appelons à éviter toutes les actions qui provoqueraient une escalade de la situation », a mis en garde la porte-parole du département d’Etat, Elizabeth Trudeau.

Un responsable de l’OTAN a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) que l’Alliance suivait « de près et avec inquiétude » la situation. « La Russie n’a fourni aucune preuve tangible de ses accusations contre l’Ukraine », a ajouté ce responsable, qui n’a pas souhaité être nommé.

Brusque regain de tension

L’Ukraine et la Russie ont connu ces jours-ci un brusque regain de tension, Moscou ayant affirmé mercredi avoir déjoué des « attentats » fomentés, selon elle, par Kiev sur la péninsule, ce que l’Ukraine a démenti. Les services de renseignement russes (FSB) disent avoir arrêté un officier des services ukrainiens préparant des attentats terroristes en Crimée, et avoir perdu deux hommes dans les opérations ayant conduit à cette arrestation.

Mercredi, aucun témoignage ne faisait état d’affrontements aussi sérieux que ceux décrits par Moscou sur la mince bande de terre séparant la Crimée du reste de l’Ukraine. Mais nombre de messages et de vidéos mis en ligne sur des réseaux sociaux dès avant le week-end ont évoqué des mouvements de troupes côté russe, notamment plusieurs unités blindées faisant route vers le nord. Interrogés par l’AFP, plusieurs habitants de la péninsule vivant près de la frontière ukrainienne ont rapporté avoir constaté d’importants mouvements de véhicules militaires ces derniers jours dans la zone.

Un responsable de haut niveau au sein des services de sécurité ukrainiens a dit à l’AFP que l’Ukraine se préparait « à tout », jugeant « possible » une invasion russe. « C’est une escalade, bien sûr », a-t-il dit.

Dispositifs militaires renforcés

Plus de deux ans après le rattachement de ce territoire ukrainien à la Russie, à l’issue d’un référendum jugé illégal par les Occidentaux, des accusations russes ont poussé les deux pays à renforcer leurs dispositifs militaires dans la zone, au risque de faire échouer les efforts de résolution pacifique de la crise.

Mercredi, Vladimir Poutine a estimé que dans ce contexte, une nouvelle rencontre prévue au début de septembre au « format Normandie », c’est-à-dire avec M. Porochenko, le président français, François Hollande, et la chancelière allemande, Angela Merkel, n’avait « aucun sens ». C’est par cette médiation qu’avaient été conclus en février 2015 les accords de Minsk pour un règlement politique du conflit, qui n’ont abouti jusqu’à présent qu’à une baisse d’intensité des combats dans l’est de l’Ukraine.

« La Crimée fait partie de l’Ukraine et elle est reconnue comme telle par la communauté internationale », a réaffirmé la porte-parole de la diplomatie américaine, Washington ayant soutenu depuis plus de deux ans le pouvoir à Kiev contre Moscou.

Le département d’Etat a toutefois pris soin de renvoyer Russes et Ukrainiens dos à dos, en appelant « toutes les parties » à faire baisser la tension.