Sun Yang, après son élimination sur 1 500 m, le 12 août  à Rio. | STEFAN WERMUTH / REUTERS

Le mieux pour résumer le passage de Sun Yang dans la piscine olympique de Rio serait peut-être les neuf secondes de la vidéo ci-dessous, captée à la sortie du bassin après sa victoire en finale du 200 m, lundi dernier :

Olympic FAIL - Sun Yang tries to throw swimming cap (meme)
Durée : 00:09

Ces images de bonheur et de lancer de bonnet complètement foireux illustrent à merveille la semaine olympique du géant Chinois de 24 ans : contrastée.

Elle avait débuté, dimanche, par la perte de son titre acquis à Londres sur 400 m, cédé pour treize minuscules centièmes (3’41’’68 contre 3’41’’55) à Mack Horton, avec qui la poignée de main fut inexistante dans le bassin, puis glaciale sur le podium. C’est que, plus tôt dans la journée, après les séries, l’Australien à lunettes avait un peu refroidi l’ambiance. La rumeur courait qu’un incident avait eu lieu entre les deux hommes avant le début des Jeux, au bord du bassin d’entraînement. Explication : « Il m’a écaboussé pour me dire bonjour, et je n’ai pas répondu parce que je n’ai pas de temps à consacrer aux dopés ». Une belle entrée en matière.

Victorieux le soir, Horton racontait : « Dans les cinquante derniers mètres, je pensais à ce je j’avais dit, et à ce qui se passerait s’il me rattrapait. Je n’avais pas d’autre choix que de le battre. » Puis il ajoutait, à un journaliste chinois qui lui demandait pourquoi il avait employé le terme « dopé » : « Parce qu’il a été contrôlé positif. C’est juste que j’ai un problème avec les athlètes contrôlés positifs qui continuent à concourir. »

Après celles de Lacourt, les allusions de Joly

L’Australien faisait là référence à un contrôle positif au trimetazidine (un stimulant) que Sun Yang traîne comme un boulet, et pour lequel il avait été suspendu trois mois à l’été 2014 sans que la planète ne le sache, avant que la Fédération chinoise de natation ne rende l’information publique. Si le nageur incriminé a fait savoir qu’il avait d’autres chats à fouetter – « Je ne crois pas qu’il faille trop s’occuper de ce que raconte l’Australien. Je n’ai rien à prouver, j’ai fait tout ce qu’il fallait pour démontrer que j’étais propre » –, sa Fédération s’est fâchée, et a « fermement réclamé des excuses à Horton ». Elle attend toujours.

Presque. | DOMINIC EBENBICHLER / REUTERS

Le lendemain, Sun Yang remportait l’or sur 200 m, quatre ans après avoir été médaillé d’argent derrière Yannick Agnel. Un triomphe vite relégué au second plan par les propos incendiaires de Camille Lacourt, qui venait d’échouer sur 100 m dos, la course disputée juste après : « Je vois le podium du 200 m, ça me donne envie de vomir. Je suis très triste de voir mon sport évoluer de cette façon. Ça me dégoûte de voir des gens qui ont triché sur les podiums. Sun Yang, il pisse violet ! » Buzz garanti, face auquel le nageur et sa Fédération ont préféré rester discrets.

Les retrouvailles entre Sun Yang et Mack Horton, samedi en finale du 1 500 m, promettaient de belles étincelles, dans l’eau ou en zone mixte, Sun Yang ayant eu la bonne idée de lancer les hostilités en annonçant, à une télé qui l’interrogeait à la sortie du village olympique : « Sur le 1500 m, je suis le roi, hein ? » Les retrouvailles n’auront pas lieu.

Le géant chinois, reconnaissable à son mètre quatre-vingt dix-huit, sa tâche de naissance sous le biceps gauche et son maillot rose fluorescent, a démarré sa série comme tout le monde vendredi après-midi, il naviguait dans le peloton de tête jusqu’à mi-course, avant de subitement s’effondrer et de finir avant-dernier de sa course, loin des huit temps qualificatifs (16e), à près de trente secondes de son meilleur chrono sur la distance, qui est aussi le record du monde.

Dans l’euphorie de sa qualification pour la finale, le Français Damien Joly n’a pas pu se retenir, au micro de France Télévisios : « Sun Yang, il lui a manqué quelques produits. » Devant une trentaine de journalistes chinois, en zone mixte, l’intéressé a plutôt insisté sur le fait qu’il n’avait pas beaucoup nagé le 1 500 mètres au cours des deux années écoulées, et surtout sur le rhume qu’il avait attrapé après son titre sur 200 m, et qui l’a diminué ces dernières jours. Vu les excès de la climatisation un peu partout à Rio, on veut bien lui accorder le bénéfice du doute.