Les économistes tablaient sur 0,2 %. Finalement, l’économie allemande a crû de 0,4 % au deuxième trimestre, après 0,7 % au premier, selon les chiffres officiels publiés vendredi 12 août. C’est mieux que le chiffre enregistré dans la zone euro (0,3 %) ou en France (0 %) sur la même période. En glissement annuel, le produit intérieur brut allemand (PIB) a même progressé de 3,1 % : du jamais-vu depuis cinq ans. Berlin confirme, une fois de plus, son rôle moteur pour la croissance européenne.

« Dans le détail, le léger ralentissement du deuxième trimestre est, en partie, dû aux bonnes performances des trois premiers mois de l’année », explique Johannes Gareis, économiste chez Natixis.

Grâce à la douceur des températures, entre janvier et mars, la construction avait bondi de 2,7 %. Des chantiers avaient pris de l’avance.

Les exportations ont porté l’activité

Résultat : le secteur a chuté de plus de 4 % au deuxième trimestre et a tiré l’ensemble de la production industrielle vers le bas (– 1 % en juin). Mais aussi l’investissement.

« Les incertitudes qui entourent le futur statut du Royaume-Uni ont également poussé les entreprises à la prudence », ajoute Raymond Van Der Putten, économiste chez BNP Paribas.

En revanche, les exportations ont porté l’activité au deuxième trimestre, note l’Institut national de statistiques allemand Destatis, tandis que les importations ont un peu reculé. Voilà qui confirme la résilience du commerce extérieur allemand, pourtant pénalisé par le ralentissement des économies émergentes ces derniers mois.

« La consommation des ménages et les dépenses publiques ont également soutenu la croissance », explique Destatis.

Croissance tirée par la demande intérieure

De fait, la faiblesse du taux de chômage (4,2 %) et les augmentations des salaires continuent d’alimenter la hausse du revenu disponible des ménages, qui a progressé de 2,8 % en 2015. Et devrait augmenter d’autant cette année.

« La croissance allemande est désormais pour une bonne partie tirée par la demande intérieure, même si le commerce extérieur reste un moteur important », résume Laurence Nayman, spécialiste du pays au Centre d’études prospectives et d’informations internationales.

Selon le Fonds monétaire international, la croissance devrait s’établir à 1,6 % en 2016, outre-Rhin. Puis à 1,2 %, en 2017 – un chiffre légèrement revu à la baisse en juillet (– 0,4%), en raison des incertitudes liées au Brexit. En outre, l’année à venir sera marquée par les élections fédérales, qui s’annoncent dominées par le thème des réfugiés. Les doutes à propos du résultat pourraient peser sur l’investissement et la consommation.