Malgré l’opposition du gouvernement local, le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) a autorisé vendredi le déploiement de 4 000 casques bleus supplémentaires au Soudan du Sud, vendredi 12 août.

Le Conseil a adopté le projet de résolution américain qui menace également d’imposer un embargo sur les armes si le gouvernement bloque le déploiement de ces troupes.

Onze des 15 pays du Conseil ont soutenu cette nouvelle force. La Chine, la Russie, l’Egypte et le Venezuela se sont abstenus. L’ambassadeur adjoint russe Petr Iliichev a notamment regretté que la résolution n’ait pas réglé « ce problème important » d’obtenir l’accord du président Salva Kiir.

Ethiopie, Kenya et Rwanda devraient être les principaux contributeurs à cette force de maintien de la paix, autorisée à « utiliser tous les moyens nécessaires » pour remplir son mandat. En revanche, l’Ouganda, allié du président sud-soudanais Salva Kiir, avait annoncé plus tôt vendredi qu’il ne fournirait pas de soldats pour ce déploiement supplémentaire.

Ces nouveaux soldats devront assurer la sécurité à Juba et dissuader les attaques contre les bases de l’ONU. Ils protégeront également l’aéroport et se défendront « promptement et efficacement contre toute personne qui semble de manière crédible mener ou préparer une attaque ».

Un embargo sur les armes soumis au vote

Des dirigeants africains avaient réclamé aux Nations unies le mois dernier d’autoriser une force régionale au Soudan du Sud après une flambée de violence début juillet qui a fait au moins 300 morts.

Mais le gouvernement du Soudan du Sud avait rejeté mercredi le projet de résolution, estimant qu’il sapait sa souveraineté et que la force régionale ne devrait pas être placée sous le commandement de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss).

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon fera un premier rapport au Conseil d’ici 30 jours sur ce déploiement et un vote pourrait suivre dans les cinq jours suivants concernant un éventuel embargo sur les armes s’il s’avère que le gouvernement de Juba ne coopère pas sur le déploiement.

L’ambassadeur adjoint britannique Peter Wilson a regretté qu’un tel embargo n’ait pas été imposé dès à présent: « Nous devons, et nous allons devoir revenir sur ce problème », a-t-il dit.

Un déploiement vivement critiqué

L’ambassadeur sud-soudanais a redit que son gouvernement rejetait la résolution, expliquant au Conseil que les modalités de déploiement de la force, notamment le calendrier et les armes que les soldats seront autorisés à utiliser, doivent d’abord être négociées avec Juba.

« Obtenir le consentement du Soudan du Sud aurait été important, cela aurait donné à cette force toute la liberté nécessaire pour remplir le mandat qui lui est confié », a noté Akuei Bona Malwal.

« Personne ne pense que cette force régionale va régler tous les problèmes de violence et l’instabilité qui règnent là-bas », a convenu quant à lui l’ambassadeur adjoint américain David Pressman.

Les 13 500 soldats de la Minuss déjà sur place, dont le mandat a été renouvelé jusqu’au mois de décembre, ont été très critiqués pour ne pas avoir protégé des dizaines de milliers de civils réfugiés dans les bases de l’ONU le mois dernier. Des informations ont notamment fait état de femmes et filles agressées sexuellement près d’une base onusienne à Juba.Ces violences ont mis en péril le fragile accord de paix signé en août 2015 pour mettre un terme à la guerre civile débutée en décembre 2013 et qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et 2,5 millions de déplacés.