Grégory Baugé a quitté le tournoi olympique par la petite porte, dès les quarts de finale. | ERIC GAILLARD / REUTERS

Dans l’ombre, l’équipe de France de cyclisme sur piste préparait sa remontée. Partie loin derrière ses homologues du tennis et de la natation dans l’épreuve du « linge sale déballé en public pendant les épreuves olympiques », elle a refait depuis le début des compétitions une partie de son retard.

Après avoir obtenu le bronze en vitesse par équipes, Michaël D’Almeida avait critiqué jeudi « des gens qui nous ont porté préjudice » en visant, sans le nommer, l’entraîneur national du sprint Franck Durivaux, resté en France. Samedi, Grégory Baugé a mis son élimination prématurée dans le tournoi de la vitesse individuelle (quarts de finale) en partie sur le compte de son encadrement. Lui estimait « marcher très bien », constatant qu’il avait réalisé de bons temps, mais que le niveau augmentait.

«Peut-être que le staff fera son bilan aussi… Il faudra se poser les bonnes questions. Avant de penser à la suite, il faut analyser cette olympiade, les bonnes et mauvaises choses. Moi je vais la faire, les athlètes vont la faire, mais bizarrement on n’a jamais la même analyse [qu’eux]. Quand on arrivera à avancer tous ensemble, peut-être que la tendance s’inversera. (...) Est-ce que ce sont les coureurs qui ne sont plus bons, est ce que c’est le staff… Il va falloir faire l’analyse. Il y a eu des moyens financiers et des moyens humains, mais est-ce que les moyens humains étaient bons, je ne sais pas. »

Ego aussi surdimensionné que son palmarès

Le mécontentement de Grégory Beaugé envers l’encadrement français n’est plus un secret depuis plusieurs années. Depuis que Florian Rousseau – présent à Rio pour soutenir moralement son élève historique – a quitté avec fracas le sprint français six mois après les JO de Londres, fustigeant le désintérêt présumé de la fédération pour le haut niveau. Avant lui, Benoît Vêtu avait pris le même chemin et rejoint la Russie, puis la Chine.

En France, le Néo-Zélandais Justin Grace n’a tenu que quelques mois et entraîne aujourd’hui les Britanniques. Franck Durivaux, l’ancien adjoint de Rousseau, n’a jamais été accepté par le collectif. Laurent Gané, champion olympique de vitesse par équipes à Sydney, est venu de Nouvelle-Calédonie jouer les pompiers. Aujourd’hui, Laurent Gané ne sait pas s’il poursuivra sa mission après Londres.

Grégory Beaugé a été éliminé en deux manches sèches par le Russe Denis Dmitriev. | PAUL HANNA / REUTERS

Le directeur technique national Vincent Jacquet refusait de condamner les propos de son champion, à l’ego aussi surdimensionné que le palmarès, qui affiche neuf titres de champion du monde et quatre médailles olympiques.

« Pourquoi je lui en voudrais ? C’est un caractère, une personnalité. Trop de parole tue la parole mais ça ne m’a pas empêché d’avoir confiance en lui, parce que c’est un mec super. »

Un sprinteur qui a porté la vitesse française sur deux olympiades, mais dont l’avenir s’inscrit désormais en pointillé. Grégory Beaugé refuse de dire que ce sont ses derniers Jeux olympiques mais a laissé entendre sur Twitter, avant même son match de classement, que sa carrière pourrait s’arrêter à Rio. Le Guadeloupéen de 31 ans était le plus âgé des seize meilleurs concurrents de la vitesse individuelle.

Vincent Jacquet lui a d’ailleurs personnellement ouvert la porte, en déclarant à quelques journalistes au vélodrome de Rio :

« Il a des années d’expérience. Je serais inconscient de dire que je n’ai pas besoin de lui. Mais j’ai besoin de lui autrement. (...) Je suis persuadé que Grégory Beaugé peut encore avoir un rôle dans cette équipe de France. En tant qu’athlète ? En tant qu’encadrant ? Je ne sais pas aujourd’hui. »