Il avait promis sous quatre ans des toilettes et l’électricité dans tous les foyers du pays. Un peu plus d’un an après son élection, le premier ministre indien, Narendra Modi, a annoncé lundi 15 août que son gouvernement avait construit plus de 20 millions de toilettes.

« En si peu de temps, plus de 20 millions de toilettes ont été construites dans les villages indiens et plus de 70 000 d’entre eux ne sont plus concernés par la défécation en plein air. »

Enjeu crucial dans la lutte contre la propagation de maladies, la construction de lieux d’aisance avait été inscrite au cœur du programme de santé publique du nationaliste hindou.

La défécation en plein air est un problème majeur de santé publique en Inde, et concerne près de 564 millions d’Indiens, soit quasiment la moitié du pays, selon l’Unicef. Ce manque d’équipement provoque la propagation de maladies comme la diarrhée, qui tue chaque année 188 000 enfants de moins de cinq ans dans le sous-continent.

Viols et absentéisme scolaire

En outre, la défécation à l’air libre pose des problèmes pour la sécurité des femmes et des filles. « Elles doivent attendre la nuit pour faire leurs besoins, ce qui leur pose le risque d’une agression et pire », expliquait en novembre 2014 Sanjay Wijesekera, responsable des programmes mondiaux d’eau, d’assainissement et d’hygiène à l’Unicef, faisant référence au viol et au meurtre de deux adolescentes qui se rendaient dans un champ pour leurs besoins. C’est aussi une cause d’absentéisme pour les jeunes filles à l’école.

Enjeu mondial (2,4 milliards de personnes qui doivent se contenter d’installations de fortune ou faire leurs besoins en plein air), la question a suscité une mobilisation importante aussi de la part des associations. La Fondation Gates a par exemple mis depuis 2011 près de 100 millions de dollars (92 millions d’euros) sur la table – sous forme de subventions – pour inciter chercheurs et industriels à inventer les « toilettes du futur ».

Engagements et résultats

Le chef du gouvernement indien avait aussi fixé un délai de mille jours pour que chaque village indien ait l’électricité. Des chiffres officiels diffusés l’an dernier avaient toutefois montré que 300 millions d’Indiens n’y avaient toujours pas accès.

« Nous nous approchons du 70e anniversaire de l’indépendance et ces pauvres villages étaient encore contraints de vivre comme au XVIIIe siècle (…). Aujourd’hui, je suis fier d’annoncer que, bien que nous n’ayons pas encore atteint la moitié des mille jours, nous avons porté l’électricité à 10 000 de ces 18 000 villages. »

Concernant les toilettes, le site IndiaSpend a vérifié plusieurs promesses de Narendra Modi, qui s’était notamment engagé à faire construire des équipements séparés selon les sexes à l’école. Un objectif loin d’être atteint selon les journalistes indiens, qui relèvent par ailleurs que plusieurs installations sont construites à la va-vite et ne sont pas alimentées en eau.

The Times of India relevait de son côté le cruel manque d’entretien des sanitaires dans la capitale, dont une partie est inutilisée ou inaccessible, en raison du manque de personnel et d’alimentation en eau.