Sofiane Oumiha face à l’Azerbaïdjanais Albert Selimov, le 12 août, à Rio. | Frank Franklin II / AP

Une finale France-Brésil, mais à Rio de Janeiro. Voilà ce qui attend Sofiane Oumiha, qui va défier le favori local, Robson Conceiçao, dans le dernier combat de la catégorie des poids légers (-60 kg), celui qui va décider du champion olympique mardi 16 août. Mais le boxeur toulousain n’a peur de rien, il arrive en pleine confiance après un tournoi proche de la perfection, et une victoire arrachée en demi-finales face au Mongol Otgondalai Dorjnyambuu.

Originaire du quartier de la Reynerie à Toulouse, qu’il qualifie lui-même de « difficile », le poids plume se livrait avec sensibilité il y a quatre jours, après qu’il se soit assuré d’une médaille en gagnant son quart de finale : « Ma joie est de rendre les gens fiers. Je suis gêné de lâcher quelques larmes. Aux jeunes qui galèrent, croyez-y. Tout est possible dans la vie. Il y a quatre ans, je galérais dans mon quartier. Je sors de nulle part, mais je veux aller loin. »

Une émotion touchante qui correspond bien au boxeur pour Kevin Rabaud, le directeur technique national (DTN) :

« C’est un garçon discret et attachant. Il avait promis de ne pas pleurer, mais tous les messages de soutien qu’il a reçu sur les réseaux sociaux l’ont touché. Il a envie de donner du bonheur aux gens. »

« Un équilibriste »

Le jeune homme de 21 ans a aussi parlé des sacrifices, inhérents à la condition d’athlète olympique mais peut-être encore plus grands dans ces sports de combat qui souffrent d’un déficit de médiatisation. « Pour être ici, a-t-il confié, j’ai raté le mariage de ma sœur qui compte beaucoup pour moi. Comme vous le savez ma mère a été accidentée et ça fait deux moi et demi que je n’ai pas vu les miens. Je sais qu’ils me regardent depuis Tadla, un petit village du Maroc. »

Sofiane Oumiha (maillot rouge) face au Hondurien Teofimo Andres Lopez Rivera, le 7 août, à Rio. | PETER CZIBORRA / REUTERS

Révélé avec sa victoire lors des Jeux méditerranéens en 2013, Sofiane Oumiha a mis un peu de temps avant de confirmer son grand talent. L’entraîneur de l’équipe de France, John Dovi, parle d’un « boxeur virtuose ». Une boxe atypique décryptée par le DTN Kevin Rabaud :

« Il possède un placement particulier, un grand sens de l’équilibre et de la contre-attaque. Ça lui donne un style qui lui est propre et qui surprend ses adversaires. Son buste est mobile et part dans tous les sens. Les autres pensent pouvoir le toucher, il les piège et parvient à remiser les coups. C’est un équilibriste. »

Depuis deux ans, le boxeur enchaîne les victoires et les bonnes performances. Il avait notamment décroché l’argent lors des Jeux européens de Bakou en 2015. « Ce n’est pas du tout une surprise pour nous au vu de ses prestations et de toutes ses victoires », explique l’entraîneur John Dovi, qui explique l’émulation qui règne au sein du collectif français :

« Tout le monde veut sa médaille. Depuis quatre ans, on est ensemble 250 jours par an lors de stages difficiles comme à Cuba. On pratique un sport individuel avec une vie de groupe. »

Avec neuf Français sur les dix présents à Rio encore qualifiés, dont deux déjà médaillés, la boxe tricolore a toutes les raisons de sourire. Elle efface son zéro pointé de Londres et pourrait faire mieux qu’à Pékin en 2008 (deux médailles d’argent et une de bronze). Elle pourrait même ajouter un ou deux sacres olympiques grâce à Tony Yoka (poids super-lourds, +91 kg) ou Estelle Mossely (poids légers, -60 kg).