La police zambienne a arrêté 133 personnes qui manifestaient contre la réélection du président Edgar Lungu dès le premier tour d’un scrutin présidentiel que son rival Hakainde Hichilema estime entaché par des fraudes. L’annonce de ces arrestations a été faite par Godwin Phiri, chef de la police de la province méridionale, mardi 16 août , au lendemain de l’annonce des résultats de la présidentielle.

Le président sortant, Edgar Lungu, a été déclaré vainqueur de justesse, avec 50,3% des voix, par la commission électorale nationale qui a publié lundi le décompte final des bulletins de vote. Sa victoire a été immédiatement contestée par le camp de son rival malheureux, qui avait dénoncé des irrégularités et demandé un recomptage des voix.

« Le calme est revenu »

La proclamation des résultats, le 15 août, a été suivie par des manifestants des partisans de Hichilema, candidat du Parti unifié pour le développement national (UPND), dans le sud de la Zambie et par l’intervention des forces de l’ordre.

« Ils (les partisans de l’UPND) prenaient pour cible des partisans du parti au pouvoir, détruisant leurs biens », a déclaré le chef de la police Godwin Phiri. « C’est comme si cela avait été bien préparé et qu’ils attendaient juste que le vainqueur soit connu. Le calme est revenu après les arrestations », a-t-il ajouté.

Edgar Lungu, 59 ans, s’est rapidement imposé sur la scène politique zambienne. Il a pris la tête du Front patriotique (PF) en manoeuvrant habilement mais fermement, suite au soudain décès du président Michael Sata, dans l’exercice de ses fonctions en 2014.

Président « ordinaire » 

Elu une première fois chef de l’Etat début 2015, pour achever le mandat de M. Sata, ancien ministre de la Défense et de la Justice, il s’inscrit en héritier légitime de son prédécesseur qui jouissait d’une grande popularité en Zambie. Il aime se présenter comme « un Zambien ordinaire d’origine modeste » pour apparaître proche du peuple.

Ses rivaux assurent qu’il veut museler toute critique comme le prouve, selon eux, la fermeture en juin du quotidien indépendant, le Post pour des impôts impayés. Pendant la campagne, un cadre du principal parti d’opposition a également été arrêté à deux reprises pour avoir diffamé le président Lungu en indiquant que le chef de l’Etat jouait au billard et allait en discothèque avec l’argent des contribuables zambiens.