Tony Parker, durant le quart de finale contre l’Espagne. | MARK RALSTON / AFP

Il a débarqué en zone mixte avec un demi-sourire, sans le regard noir qu’il affichait sur le banc en fin de match, après avoir vu ses coéquipiers se laisser concasser par l’équipe d’Espagne au jeu si fluide et intense.

Plus tard, en conférence de presse, devant ses amis de la presse spécialisée américaine, il affichait un sourire encore plus franc : Tony Parker préfère savourer la fin de sa carrière internationale et les bons souvenirs qui vont avec plutôt que ce 11è échec - pour lui - face à l’Espagne de Pau Gasol.

Est-ce dur de sortir sur une telle défaite ?

Non, pas du tout. On est tombé sur une grande Espagne. Ils ont été très adroits, c’est comme ça. Il faut leur accorder ce mérite. Ca ne change rien au fait que je suis fier de tout ce qu’on a accompli avec cette génération. On a ramené beaucoup de médailles, on a le plus beau palmarès du basket français.

C’était un jour sans pour l’équipe ?

C’était un jour sans mais j’insisterais plus sur l’Espagne qui a tout mis. On avait fait un choix stratégique d’arrêter Pau Gasol mais Nikola Mirotic (23 pts, ndlr) a vraiment tout réussi.

Est-ce dur de finir votre carrière internationale olympique sans médaille ?

Non. Zéro regret. Si vous avez suivi ma carrière, vous savez que le plus important pour moi était de gagner une médaille d’or. Et ça on l’a fait en 2013. Tout le reste, c’était du bonus. Je garde en tête cette médaille d’or qui était le premier titre du basket français. Ca restera le plus beau souvenir de ma carrière en équipe de France.

On a mis le basket francais sur la carte et on a joué contre une grande generation
espagnole. C’était une belle rivalité. C’est ce que j’ai rappelé à mes coéquipiers. On n’a pas perdu contre n’importe qui. Par moments, aujourd’hui, j’avais l’impression que l’Espagne c’était les (San Antonio) Spurs, mais que je jouais en face ! (il rigole)

« Je vais réaliser dans les prochains jours »

Êtes-vous prêt à signer un papier confirmant qu’on ne vous reverra jamais en équipe de France ?

Oui, c’était mon dernier match, je ne vais pas changer d’avis. Cela fait 16 ans que je joue en équipe nationale, ça use. J’ai fait 15 saisons en NBA, une fois sur deux je suis allé en finale de Conférence, je suis allé en finales NBA cinq fois... Et c’est dur après cela de jouer chaque été (Tony Parker a fait l’impasse sur une poignée de compétitions internationales durant cette période, ndlr). J’ai dit aux Spurs et à Popp (Greg Popovich, son entraîneur) que ce serait la dernière, que je voulais me concentrer sur ma carrière aux Spurs pour finir sur une bonne note, dans les cinq prochaines années..

Y a-t-il un pincement au cœur ?

Pas plus que ça. Je pense que je vais réaliser plus dans les deux, trois prochains jours. Pour l’instant c’est dur d’imaginer, j’ai d’autres choses en tête.

Quel message voulez-vous faire passer à la génération suivante ?

Je pense qu’elle est entre de bonnes mains. On a une bonne génération qui arrive. Avec Joffrey (Lauvergne), Tomtom (Heurtel), Evan (Fournier), tous les jeunes qui vont monter. On a encore cinq joueurs qui ont été draftés (en NBA pour la saison prochaine). Ils vont continuer à avoir des résultats.

Allez-vous continuer à vous impliquer en équipe de France ?

Non, je ne pense pas. Je vais plus prendre des vacances, du repos et essayer de faire cinq bonnes saisons avec les Spurs, de gagner un autre titre et essayer d’améliorer mon palmarès avec les Spurs. Ce sera ça ma motivation maintenant.

« Sans l’Espagne, on aurait peut-être dix médailles »

Quels mots avez-vous échangé avec Vincent Collet à la fin ?

Il était déçu. Mais c’est ça le sport. J’en ai vécu des hauts, des bas. Ca ne changera rien au fait que je suis fier de ce qu’on a fait. On est tombé aussi sur une génération très forte en Espagne. Sans l’Espagne on aurait peut-être dix médailles.

C’est vrai que maintenant les gens attendent tellement de l’équipe de France. Mais il faut se rappeler qu’il y a dix ans, en 2005, on ramène une médaille de bronze et ça faisait 50 ans (46, ndlr) qu’il n’y avait pas eu de médaille. On partait de très loin. Le basket français n’était pas considéré dans les meilleurs. Depuis on a fait deux JO en allant dans le Top 8. Le problème c’est que plus tu gagnes, plus les gens en veulent.

C’est un été riche en émotions pour vous, avec en plus le départ de Tim Duncan des Spurs...

Oui cela fait beaucoup d’émotions. Cela m’a fait bizarre quand Timmy (Duncan) m’a annoncé qu’il arrêtait. Je savais que ce jour arriverait, que le Big Three (qu’il forme avec Emmanuel Ginobili et Duncan aux Spurs) n’existerait plus un jour mais c’est dur quand ça arrive. J’ai eu beaucoup de chance, tous les championnats gagnés, tous les records, ce sont des choses que je pourrai montrer à mes enfants. Je suis content que Manu (Ginobili) fasse une saison de plus, qu’il n’y en ait qu’un qui prenne sa retraite. Ce furent dix années formidables avec Kobe (Bryant), Shaq (O’Neal), toutes ces rivalités, mais il faut bien que ça s’arrête un jour.

Qu’avez-vous apprécié dans le basket international ?

J’aime l’atmosphère, très différente de la NBA. Quand j’étais petit, je rêvais d’être champion NBA mais en grandissant, je suis tombé amoureux de l’équipe de France, notamment après notre titre (de champion d’Europe) chez les juniors. Dès lors, mon but est devenu de remporter un titre chez les seniors avec la France. On l’a fait.

Ce furent des expériences formidables, de jouer dans tous ces pays, avec des publics différents. Je ne regrette rien, pas une seconde.