« C’est de l’ouvrage à l’ancienne », résume un enquêteur pour définir la méthode avec laquelle Alain Armato, un voyou de 56 ans, a été abattu, lundi 15 août vers 23 h 30, dans le 9e arrondissement de Marseille. Il a été tué à quelques pas de son domicile dans la cité de La Cayolle, classée zone de sécurité prioritaire.

Comme l’atteste le nombre d’étuis retrouvés, les auteurs ont fait feu à onze reprises à l’aide d’un pistolet automatique 9 mm. La victime a été touchée à la tête et au tronc par quasiment tous les tirs. Ce mode opératoire signe un règlement de comptes au sein du grand banditisme marseillais « classique », à la différence du narcobanditisme des cité et de ses assassinats à la Kalachnikov.

« Un beau mec »

Dans le langage policier, Alain Armato était « un beau mec », c’est-à-dire une pointure de la criminalité méridionale, ayant bâti sa carrière autour du braquage en « grenouillant » avec les équipes de malfaiteurs connues à Marseille.

Proxénétisme, détention d’explosifs, évasion… Alain Armato qu’on surnommait Globulon en raison de ses gros yeux avait été condamné à quinze reprises depuis 1980 dont trois fois par une cour d’assises. En mai 1997, c’était à vingt ans de réclusion pour l’assassinat d’un patron de boîte de nuit marseillais. Sur les lieux de l’exécution, pris d’un besoin pressant, il avait oublié la bande qui tenait son bras plâtré, offrant ainsi son ADN aux enquêteurs…

Son plus haut fait d’armes a été l’organisation de l’évasion de son ami Pascal Payet, surnommé « le roi de la belle », de la maison d’arrêt de Grasse (Alpes-Maritimes), le 14 juillet 2007. Cinq minutes avaient suffi pour poser un hélicoptère détourné avec son pilote à l’aéroport de Cannes-Mandelieu sur le toit d’un bâtiment de la prison, pour découper la porte de la cellule du détenu à la disqueuse au dernier étage du quartier disciplinaire et pour repartir.

Evasion organisée « par amitié »

Alors qu’un des jeunes recrutés réunis pour cette évasion s’apprêtait à faire main basse sur les 170 euros contenus dans le tiroir-caisse de la société d’aviation, Alain Armato lui avait tapé sur les doigts, comme à un gamin chapardeur : « On n’est pas là pour ça ! »

Arrêté deux mois plus tard près de Barcelone (Espagne), porteur d’une grenade, d’un pistolet automatique et de 57 cartouches, l’évasion organisée « par amitié pour Pascal Payet » lui avait valu neuf nouvelles années de prison, en 2011.

Bénéficiant d’une libération conditionnelle en avril 2013, sous bracelet électronique, il avait alors suivi un stage de cuisinier dans la région parisienne, mais, victime d’une tentative d’assassinat par deux hommes à moto, il s’était mis en cavale provoquant la révocation de sa conditionnelle. Et son retour en prison jusqu’en 2015.

« Récemment, il n’était pas affidé à un clan bien particulier. On le retrouve autour de plusieurs équipes appartenant soit au milieu traditionnel soit au narcobanditisme, autant de possibilités de se créer des inimitiés, explique un enquêteur. Il est difficile de lui déterminer des opposants privilégiés. » Pour les avocats qui l’ont défendu, Alain Armato était aussi « un garçon attachant, un vrai Marseillais avec la blagounnette toujours prête pour faire rire ».