Twitter assure avoir supprimé 360 000 comptes soutenant le terrorisme depuis mi-2015. | LEON NEAL / AFP

Trop laxiste, Twitter ? Régulièrement accusé de laisser prospérer sur sa plate-forme des messages de propagande djihadiste, le réseau social a répliqué jeudi 18 août en annonçant avoir suspendu 235 000 comptes ces six derniers mois. Dans un message publié sur son blog, Twitter assure qu’en ajoutant à cela les 125 000 comptes qu’il avait déjà annoncé avoir supprimé entre la mi-2015 et février 2016, 360 000 comptes de ce type ont été fermés en tout. « Les suspensions quotidiennes ont augmenté de 80 % depuis l’année dernière, avec des pics immédiats après les attaques terroristes », souligne l’entreprise.

« Notre temps de réponse pour suspendre les comptes signalés, le temps d’existence de ces comptes sur Twitter ainsi que le nombre d’abonnés qu’ils accumulent ont tous considérablement diminué. »

La politique de Twitter en matière de modération des contenus est, une nouvelle fois, l’objet de vives critiques. Depuis le début des Jeux olympiques, de nombreux comptes utilisant sans en avoir la permission des images des JO ont été suspendus pour violation du droit d’auteur. Une efficacité qui a outré de nombreux internautes, notamment français, considérant que le réseau social était moins prompt à supprimer les nombreux messages de haine, parmi lesquels des tweets de propagande djihadistes.

Après les attentats qui ont endeuillé le pays, le gouvernement français avait fait pression pour que Twitter, comme les autres grands réseaux sociaux, modère plus efficacement les contenus pro-terrorisme. Selon des sources françaises, à l’été 2015, les partisans de l’organisation terroriste Etat Islamique produisaient 40 000 messages en français par jour sur la plate-forme de microblogging.

Pas « d’algorithme magique »

Twitter dispose d’équipes spécialisées dans la modération, qui examinent les tweets signalés par les utilisateurs et décide de leur sort, et de celui du compte qui les publie. Jeudi, Twitter a annoncé que ces équipes avaient été renforcées, sans donner plus de détails – l’entreprise, comme Facebook, se refuse à préciser le contour et le fonctionnement de ces équipes.

Après avoir annoncé en février la suppression de 125 000 comptes, plusieurs observateurs avaient noté l’inefficacité de ce type d’action, les comptes en question réapparaissant quasi immédiatement sous un autre identifiant, certains utilisateurs créant à l’avance de multiples comptes. Cette fois, Twitter promet que cela n’est plus aussi vrai : « Nous nous sommes aussi améliorés pour compliquer la possibilité pour les personnes suspendues de revenir immédiatement sur la plate-forme. »

Enfin, Twitter, s’il souligne ne pas disposer « d’algorithme magique pour identifier les contenus terroristes sur Internet », laisse entendre qu’il utilise « d’autres technologies, comme des outils antispam », pour repérer des comptes posant problème. Elles auraient permis, selon le réseau social, d’identifier plus d’un tiers des comptes suspendus ces six derniers mois. L’entreprise reste, cette fois encore, très vague sur la nature et le fonctionnement de ces technologies. Et admet, devant l’évidence, que son travail « n’est pas terminé ».