Kévin Mayer est médaillé d’argent du décathlon jeudi à Rio. | DYLAN MARTINEZ / REUTERS

L’absence d’un titre olympique -le perchiste brésilien Thiago Braz est passé par là- se fait sentir mais avec cinq médailles au total, dont trois en argent et deux en bronze, l’équipe de France d’athlétisme peut avoir le sourire. Jeudi 18 août, au stade olympique de Rio, Kévin Mayer a brillamment participé à ce bon bilan. À 24 ans, l’athlète, qui s’entraîne à Montpellier, a terminé à la deuxième place du décathlon olympique (8834 points), tout proche de l’intouchable maître de la discipline, Ashton Eaton (8893 points), recordman du monde, double champion olympique et double champion du monde. L’Américain a lui égalé le record olympique qui appartient au Tchèque Roman Sebrle depuis les JO d’Athènes en 2004.

Mayer s’est offert en prime le record de France de la discipline la plus exigeante de l’athlétisme, qui tenait depuis les championnats d’Europe de Split en 1990. À l’époque, le chevelu Christian Plaziat réalisait 8574 points. Son successeur n’a pas fait les choses à moitié en l’améliorant de 260 points, un gouffre.

Troisième médaillé d’argent tricolore de ces JO, Kévin Mayer succède à Ignace Heinrich, vice-champion lors des JO de Londres en 1948 et qui était jusqu’à présent le seul médaillé français de l’histoire du décathlon. Il faut également remonter à ces JO londoniens pour retrouver un meilleur bilan global pour les athlètes : 8 médailles dont 2 en or.

Champion du monde junior en 2011, Kévin Mayer n’a pas brûlé les étapes. Un an après son titre chez les jeunes, il prenait la quinzième place des JO 2012 à Londres. L’année d’après était celle de l’éclosion puisqu’il réalisait son record personnel aux championnats du monde de Moscou pour échouer au pied du podium (8446 points). En 2014, il améliorait encore sa meilleure performance pour récolter la médaille d’argent des championnats d’Europe à Zurich (8521 points). Attendu comme l’un des espoirs des Bleus à Pékin aux Mondiaux en 2015, il devait renoncer pour une blessure à ischio-jambier.

Sur la piste bleue de Rio, Kévin Mayer a affiché d’entrée une forme étincelante, malgré une alerte à la cheville le premier jour. Mercredi 17 août, sur 100 m, le premier fardeau de ces dix travaux d’hercule, il battait son record en 10 s 81. Alors qu’il avait jusqu’à présent des lacunes sur le sprint, il a corrigé cela en passant cette saison pour la première fois sous les 11 secondes avant les Jeux.

Record de France

Kévin Mayer, lors de l’épreuve du saut en longueur, mercredi à Rio. | JEWEL SAMAD / AFP

Loin de s’arrêter là, il enchaînait parfaitement en améliorant deux autres records personnels lors de cette première journée : il réalisait d’abord 15,76 m au lancer du poids, puis 48 s 28 sur le 400 m. Le lendemain, il récidivait une quatrième fois. Conseillé par Renaud Lavillenie présent en tribunes, il s’envolait au-delà d’une barre à 5,40 m au saut à la perche, huitième épreuve redoutée car un zéro pointé est si vite arrivé. Le jeune Français se classait même en tête au poids et à la perche.

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Avant les deux dernières épreuves, lancer du javelot et 1500 m, Kévin Mayer était idéalement placé à la deuxième place, avec une avance de 144 points sur le troisième, le Canadien Damian Warner, et de 209 points sur le quatrième, l’Allemand Kai Kazmirek. Loin d’être rassasié, il a assuré un jet plus que correct au javelot (65,04 m) qui lui permettait de revenir sur les talons du champion olympique en titre, l’Américain Eaton.

Avant la dernière épreuve, 44 points séparaient les deux hommes. Un écart trop important à combler surtout que Eaton possédait un record personnel plus rapide de quatre secondes. Toujours aussi impressionnant, le 1500 m est un effort quasi surhumain en côture des deux journées du décathlon. L’Allemand Arthur Abele passait par exemple la ligne au bout de la douleur, grimaçant, boitant et se tenant l’arrière de la cuisse. Kévin Mayer réalisait le meilleur 1500 m de sa saison en 4 min 25 s 49, un peu plus de deux secondes derrière Eaton (4 min 23 s 33).

Ashton Eaton est encore le maître mais Kévin Mayer est sur ses talons. | PHIL NOBLE / REUTERS