« Les périodes d’augmentation du chômage ne s’accompagnent pas nécessairement d’une baisse du niveau des emplois vacants et les pénuries de main-d’oeuvre sont plus marquées dans les secteurs où la flexibilité est la plus développée », rappelle la sociologue Emmanuelle Marchal. Qu’il s’agisse de l’hôtellerie ou de la restauration, le constat est indéniable. Y aurait-il un problème au niveau du recrutement ?

D.R.

Dans son dernier essai, la directrice de recherche au Centre de sociologie des organisations passe au crible le processus de recrutement, ses travers, comment éviter de ne considérer que les profils formatés, comment se défaire des jugements homophiles ? Comment limiter le nombre d’étapes qui augmente avec la taille de l’entreprise ? « Certaines entreprises considèrent que leurs membres ont besoin d’être convaincus un par un par les postulants » note Mme Marchal. D’autres jouent sur le renouvellement des contrats courts pour contrôler les compétences des candidats.

La valeur du candidat

L’essai, structuré en trois parties, analyse dans un premier temps l’embarras du recruteur à mesurer les compétences, puis à formuler et interpréter une offre, notamment à distance, et enfin à se décider entre des candidatures qui, souvent, ne sont pas comparables.

Bien documenté, illustré de témoignages, l’essai d’Emmanuelle Marchal décrit par le menu la diversité des embarras des recruteurs et explique l’élaboration de son jugement. Elle souligne ainsi l’importance que prend l’interdépendance et explique comment c’est, in fine, le processus de recrutement qui détermine la valeur du candidat. « Que se passe-t-il lorsque l’on inverse les étapes du recrutement, ou que l’on change de procédé ? »

La sociologue s’appuie sur plusieurs enquêtes réalisées auprès des entreprises et des intermédiaires du marché du travail pour « observer comment la valeur des candidats est mise en jeu ».

Un regret toutefois : la quasi absence dans l’ouvrage du rôle du numérique dans le processus de recrutement, qui laisse un sentiment d’inachèvement, comme si les situations analysées appartenaient au passé.

Les embarras du recruteur, Enquête sur le marché du travail, d’Emmanuelle Marchal, édition EHESS, collection Cas de figure, octobre 2015, 272 pages, 14 euros.