L’auberge de jeunesse Generator, dans le 10e arrondissement de Paris, en janvier 2015. | GeneratorWiki /CC BY-SA 4.0

Karine, artiste lyrique, n’est pas une touriste mais une habitante du quartier Belleville à Paris. C’est pourtant au bar d’une auberge qu’elle s’est installée dans un fauteuil confortable. Elle apprécie le café à 1 euro 50, exceptionnel dans la capitale, et l’ambiance « cosy ». « Il y a une athmosphère décontractée que j’apprécie », justifie-t-elle en refermant un livre.

Dans les grandes métropoles, des auberges nouvelle génération se multiplient. A Paris, le St-Christopher’s Inn a été inauguré en 2013, le Generator en février 2015 et Les Piaules en décembre 2015. Particularité de ces « hostels », on y croise moins de baroudeurs et plus de smartphones. Et pour cause, « le wi-fi est presque plus important que la douche chaude », s’amuse Lucie Perin, responsable des deux enseignes parisiennes du groupe Beds and Bars.

Marchandes ou associatives, les auberges gardent une constante : un lit dans un dortoir afin de voyager à bas coût, entre 20 et 40 euros la nuitée. La comparaison s’arrête là pour Edith Arnoult-Brill, secrétaire générale de la Fédération unie des auberges de jeunesse, forte d’un réseau de 4 000 auberges dans 81 pays, dont près de 120 en France. « Nous avons un engagement fondé sur la paix, le dialogue interculturel et le respect de la nature que l’on ne retrouve pas dans la logique des investisseurs, explique-t-elle. Nous recherchons à nous implanter pleinement dans un territoire. »

Produits dérivés

Le secteur tout entier s’adapte à la génération numérique, mais les auberges privées sont à l’avant-garde. Le St-Christopher’s propose non seulement de réserver et de payer en ligne mais aussi une application smartphone. 40 à 50 % des 18-35 ans réservent via leur téléphone, assure Lucie Perin. Très présents sur les réseaux sociaux, ces auberges prennent très au sérieux les retours-clients : les notes et commentaires déterminent leur place dans les résultats de recherche sur les sites spécialisés.

Quand Alessio Brazzo, le directeur général des Piaules, constate les différences entre les deux modèles, il parle surtout de « générations ». « Les auberges ne sont plus celles que l’on a connues jeune. Nous apportons un soin important à la prestation que l’on propose », justifie le gérant. « Ce qui reste, c’est que le contact est fondamental », glisse-t-il comme une pique à ses deux principaux concurrents : Beds and Bars et Generator qui a décidé d’installer une discothèque dans ses locaux. Pour ces « hostels », les produits dérivés représentent près de la moitié du chiffre d’affaire.

Reste que certains jeunes préfèrent l’autre modèle, comme Marnix, un touriste hollandais qui a choisi l’auberge de jeunesse associative Yves Robert dans le 18e arrondissement de Paris, construite en 2013. « Je voyage seul. Aller dans une auberge associative, c’est un bon moyen de rencontrer des gens, peut-être plus que dans les auberges privées où il y a plutôt des groupes », explique-t-il. À 25 ans, le jeune homme a préparé son voyage sur Internet mais il déplie sa carte des monuments de Paris à l’ancienne. S’il a choisi d’aller dans une auberge traditionnelle, c’est parce qu’il est plus sac à dos que trolley.