Teddy Riner a mené vers la délégation française vers son meilleur bilan olympique depuis plus d’un siècle. | David J. Phillip / AP

Après quelques jours de compétition, il aurait fallu faire preuve d’un optimisme béat pour tabler sur un bilan si positif pour la délégation française à l’issue de ces Jeux de Rio. Historique, même, puisqu’avec 42 médailles dont 10 d’or, les Bleus ont dépassé leur record de podiums obtenu en 2008 à Pékin (41 breloques, dont 7 en or).

S’ils n’ont pas battu celui des Jeux de 1900, avec 91 médailles, ni celui des 15 titres d’Atlanta en 1996, les sportifs français ont effacé ou égalé certains résultats qui semblaient inaccessibles depuis des décennies. La délégation bleue termine au septième rang du classement des nations, derrière les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Chine, la Russie, l’Allemagne et le Japon.

Et si la natation a perdu de sa superbe, si le football féminin ou le volley n’ont pas su se sublimer, si le tennis a déçu et agacé, d’autres disciplines ont pris le relais, tant sportif que médiatique, tirant vers le haut une équipe de France qui va quitter Rio avec le sourire.

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  • La boxe, première aux points

Avant ces Jeux, les boxeurs français avaient cumulé 19 médailles depuis que la boxe fait partie des sports olympiques. Ils n’avaient jamais ramené plus de trois breloques. C’était aux Jeux d’Anvers en 1920 et de Pékin, en 2008. Mais les Jeux de Rio, avec six podiums, marqueront l’histoire de la boxe. Le couple formé par Estelle Mossely et Tony Yoka a remporté deux médailles d’or. C’est la première fois pour une boxeuse, et la France n’avait plus connu un titre depuis Brahim Asloum, en 2000 à Sydney. Sofiane Oumiha et Sarah Ourahmoune ont décroché l’argent, alors que Souleymane Cissokho et Mathieu Bauderlique ont hérité du bronze. Un bilan historique, qui fait des boxeurs les plus gros pourvoyeurs de médailles de la délégation bleue.

  • L’équitation, quarante ans plus tard

Les cavaliers du concours complet ont obtenu l’or, leurs camarades du saut d’obstacle par équipes les ont imités, pour un double sacre inattendu. En saut d’obstacles, Roger-Yves Bost, Kevin Staut, Philippe Rozier et Pénélope Leprevost ont enfin succédé à Hubert Parot, Marcel Rozier, Marc Roguet et Michel Roche, titrés en 1976, à Montréal. Une éternité pour une équitation française habituée aux podiums et qui fait partie des meilleures nations mondiales.

  • L’athlétisme, plus loin, plus vite

Après la déception de Jimmy Vicaut (100 m) et le chemin de croix de Yohann Diniz (50 km marche), respectivement septième et huitième de leurs épreuves, et la médaille d’argent du recordman du monde en salle, Renaud Lavillenie, en saut à la perche, on pouvait s’attendre à ce que l’athlétisme soit le parent pauvre de la délégation tricolore. Ce fut au contraire un festival, qui a commencé avec la discobole Mélina Robert-Michon, médaillée d’argent au lancer du disque grâce à un jet au-delà des 66 mètres, une première depuis 1968 et le doublé or-bronze réalisé par Micheline Ostermeyer et Jacqueline Mazéas.

L’athlète iséroise a ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffrés Kévin Mayer, Dimitri Bascou ou encore Christophe Lemaitre. Le décathlonien de 24 ans est monté, lui aussi, sur le deuxième marche du podium pour la première fois depuis 68 ans et l’argent d’Ignace Heinrich. Autre podium vieux de quelques dizaines d’années : celui du 110 m haies. En 1976, Guy Drut grimpait sur la plus haute marche du podium. Depuis, personne n’avait réussi à faire aussi bien, avant le bronze obtenu par Dimitri Bascou, le hurdleur de Noisy-le-Grand, en région parisienne.

Il n’en fallait pas plus à Christophe Lemaitre pour redorer, ou re-bronzer, un sprint français muet aux JO depuis 1960, à Rome, et le podium d’Abdoulaye Saye, lui aussi sur 200 m. Sa troisième place est une récompense que le Savoyard est allé arracher au bout d’un demi-tour d’exception.

Un podium pour un sprinteur français. Ce n’était plus arrivé depuis 1976. | GONZALO FUENTES / REUTERS

  • Les Bleues du hand rejoignent les « Experts »

Elles sont longtemps restées dans l’ombre des hommes. Les « Experts » qui dominent leur sport depuis 2008 - sans avoir pu réalisé un triplé qui eût été historique -, n’ont laissé que des miettes à l’équipe féminine. Oui mais voilà, désormais, les Bleues du hand ont rejoint le gratin mondial. En décrochant la médaille d’argent - la première de leur histoire -, les handballeuses sont sorties de l’ombre que les hommes projetaient sur elles. Elles font désormais partie des meilleures équipes du monde, et peuvent désormais prétendre à remporter des titres majeurs, à l’instar de leurs homologues masculins, détrônés par les Danois, mais en argent tout de même.

Les handballeuses françaises ont remporté la première médaille olympique de l’histoire de leur sport. | Matthias Schrader / AP

  • Le judo dans un sursaut

La grise mine a été de rigueur dans le camp français, jusqu’à une incroyable dernière journée, avec deux titres olympiques chez les lourds. C’était attendu pour Teddy Riner, désormais double champion olympique, ce l’était beaucoup moins pour Emilie Andéol, sacrée au bout d’un tournoi d’exception. Ces deux médailles d’or, en plus des deux en argent pour Audrey Tcheuméo et Clarisse Agbegnenou, et le bronze de Cyrille Maret, permettent au judo français de repartir de Rio la tête haute.

  • Le pentathlon au panthéon

Depuis l’introduction du pentathlon au programme olympique en 1912, jamais la France n’était montée sur le podium en individuel. C’est désormais chose faite dans cette discipline qui mêle l’escrime, l’équitation, le tir, la natation et la course, grâce à Elodie Clouvel, 27 ans et médaillée d’argent. Un joli pied de nez à Pierre de Coubertin, qui appréciait beaucoup le pentathlon, mais pas au point d’imaginer que ces dames puissent y participer, encore moins y gagner.

Elodie Clouvel lors de la dernière épreuve, qui mêle tir et course à pied. | YASUYOSHI CHIBA / AFP