Denis Masseglia, président du CNOSF, et le judoka Teddy Riner, aux côtés du président de la République, Francois Hollande, à Rio de Janeiro, le 5 août 2016. | JACK GUEZ / AFP

Corrolairement, tout se tient. Le sport français avait envoyé à Rio sa plus importante délégation d’après-guerre pour des Jeux olympiques d’été, et il peut à présent communiquer sur un autre record : celui du nombre de médailles remportées en une seule édition. 42. Soit 10 récompenses en or, 18 en argent, 14 en bronze.

Abstraction faite de l’année 1900 à Paris, c’est davantage que pour n’importe quelle édition des Jeux, le précédent record d’après-guerre datant de Pékin (41, en 2008). Et « cela souligne une qualité d’ensemble », se félicite Denis Masseglia, le président du Comité national olympique sportif français, qui a enjambé les flaques d’eau pour dresser un premier bilan.

La conférence d’auto-satisfaction est organisée dimanche à mi-journée dans la société hippique qui accueille le « Club France » à Rio. Egalement présents, le secrétaire d’Etat au sport, Thierry Braillard ; Francis Luyce, chef de mission cet été, et président de la Fédération française de natation ; puis le porte-drapeau français Teddy Riner, pour une fois en short et non en kimono de judo, désormais double champion olympique.

Les « excuses » de Riner

Avant d’assister au titre du boxeur Tony Yoka, Denis Masseglia a voulu mettre en avant « un bilan plus que positif » pour les 395 sportifs français, la proverbiale « magie des Jeux » ayant une fois de plus opéré. Ainsi donc, les Jeux bringuebaleraient toujours « leur lot de suprises, mais aussi  «  leur lot de frustrations » où les performances des uns et des autres échappent à « la rationalité » des pronostics - des « potentialités », selon le vocable choisi.

Bien davantage, il a plutôt été question de louer à tout bout de phrase les mérites de Teddy Riner, également présent au « Club France ». Le judoka, champion olympique pour ses troisièmes Jeux d’affilée, incarne la France dorée. Face à la presse, le porte-drapeau français a toutefois saisi l’occasion pour présenter « des excuses pour les petits écarts » de la délégation.

Le judoka a préféré évité de développer. Mais l’allusion pouvait à la fois viser le perchiste Renaud Lavillenie, « seulement  » médaillé d’argent, qui a comparé les sifflets du public brésilien à l’attitude du public lors des Jeux de 1936 en Allemagne nazie ; ou encore au nageur Camille Lacourt, 5e du 100 m dos, selon lequel Sun Yan, champion olympique du 200 m crawl, revenu d’une suspension pour dopage, «  pisse violet ».

De tout commentaire de texte, Francis Luyce a préféré s’abstenir. Parlant d’un « bilan merveilleux », le président de la Fédération française de natation a évité de s’appesantir sur son sport, et on le comprend : à peine deux petites médailles d’argent en natation, pour ce qui reste l’une des principales déceptions françaises de cette quinzaine à Rio.

Jeux 2024 en vue

Le secrétaire d’Etat aux sports, sous peine d’un dissensus, pouvait difficilement faire autre chose que de s’associer « aux louanges » collectives. Pour éviter le procès en optimisme béat, Thierry Braillard a toutefois évoqué un développement inégal selon les sports : quinze fédérations sportives ont rapporté des médailles à la France cet été, treize autres repartant bredouille.

Autre « enjeu majeur de développement », la pratique féminine de haut niveau. Là où d’autres pays dépendent surtout du sport féminin, la France a remporté seulement un quart de ses médailles (28%) grâce à des sportives, fait remarquer Thierry Braillard. Qui appelle désormais, au mois d’octobre, à l’organisation  « d’états généraux du sport de haut niveau » en France.

L’idée étant de « transformer l’argent en or » aux prochains Jeux Tokyo, en 2020, et d’accéder grâce à cette alchimie à la 5e place du classement des nations. En attendant, les Français quittent Rio à la 7e place générale. Et avec l’envie redoublée, selon Denis Masseglia, d’« accueillir le monde entier » à Paris si la ville obtient la candidature de l’édition 2024. Dont le dirigeant portait, comme chaque jour à Rio, le badge sur son veston.