Shinzo Abe déguisé en Mario Bros | Yu Nakajima / AP

Cap sur Tokyo ! La cérémonie de clôture le 21 août des Jeux de Rio de Janeiro a vu le maire de la ville brésilienne Eduardo Paes remettre la flamme et le drapeau olympiques à Yuriko Koike, la gouverneure de la capitale japonaise qui avait revêtu pour l’occasion un kimono beige clair. Mme Koike était à Rio, comme le premier ministre Shinzo Abe qui a joué les audacieux – et les promoteurs du « Cool Japan » – en se présentant sur la scène du Maracana déguisé en Super Mario, le héros du jeu vidéo du même nom.

Le monde du sport est donc entré dans l’olympiade menant aux 32es jeux qui se tiendront du 24 juillet au 9 août 2020 dans la capitale nippone. Quatre années qui s’annoncent chargées pour les organisateurs venus à Rio glaner quelques idées, notamment pour l’utilisation ou le recyclage des sites. « Ce qui a été fait a Rio est une bonne référence pour nous, a admis Toshiro Muto, le directeur général de la société Tokyo 2020. Des innovations ont notamment permis de réduire les coûts. »

Obtenir l’adhésion des Tokyoïtes

Cette question des coûts était au cœur des interventions des dirigeants nippons venus au Brésil. M. Abe a rappelé que le Japon avait « tout pour faire des JO un succès », notamment sur le plan financier. « Les habitants de Tokyo sont des contribuables et nous devons obtenir leur adhésion pour tout ce que nous faisons », a déclaré le 20 août Mme Koike, élue le 31 juillet sur une promesse de transparence dans sa gestion.

Initialement estimé à 700 milliards de yens (6,2 milliards d’euros), le coût de l’organisation pourrait plus que doubler voire, estimait Yoichi Masuzoe, prédécesseur de Mme Koike au poste de gouverneur de Tokyo, atteindre 3 000 milliards de yens (26 milliards d’euros). Le comité d’organisation précise sur son site que « le budget est en cours de révision, sur le plan des dépenses comme des revenus ».

Avec une question : quel prix devront payer les Tokyoïtes, qui n’ont que modérément soutenu la candidature de leur ville et qui redoutent des hausses d’impôts ?

Même si Tokyo a moins à s’inquiéter que Rio des infrastructures et de la sécurité, l’organisation, elle, suscite des interrogations depuis l’imbroglio autour du Stade national, la principale enceinte des jeux. Initialement confiée à l’architecte irako-britannique Zaha Hadid, la construction lui a été retirée en raison de l’explosion des coûts, pour être confiée à la fin de 2015 à l’architecte nippon Kengo Kuma.

De même, les logos des jeux ont dû être refaits, le designer des premiers modèles, Kenjiro Sano, ayant été accusé de plagiat. Et puis, la France a ouvert une enquête sur la destination de plusieurs millions de dollars versés par le comité de candidature de Tokyo en 2013.

Les organisateurs vont aussi devoir intégrer cinq nouvelles disciplines ajoutées aux 28 prévues. Le surf, le skateboard, le karate et l’escalade sportive seront représentés pour la première fois. Le baseball et le softball feront leur retour sur la scène olympique.

Sur le plan sportif, les jeux de Rio devaient permettre aux Japonais de s’étalonner pour 2020. Et le bilan est plutôt flatteur. Avec 41 médailles dont douze d’or, le Japon a dépassé son record établi à Londres en 2012 (38). Il termine la compétition en sixième position du classement officiel, derrière l’Allemagne.

Certaines performances étaient attendues. En judo, 12 des 14 Japonais engagés ont obtenu une médaille. La natation, la lutte ou encore la gymnastique restent des disciplines sur lesquelles l’archipel peut compter. Il y eut également des surprises, dont, en athlétisme, l’argent du 4 × 100 m masculin, derrière la Jamaïque. Le tennis de table et le badminton ont apporté pour la première fois des médailles à l’équipe nippone.

Objectif troisième place

Le bilan est d’autant plus intéressant que beaucoup de médaillés sont jeunes. Les sprinters du 4 × 100 m ont moins de 25 ans. Mima Ito, 15 ans, a obtenu le bronze en tennis de table féminin. Le nageur Kosuke Hagino, vainqueur du 4 × 100 m quatre nages, a 22 ans.

Tous devraient être à Tokyo où l’équipe olympique nippone ambitionne de terminer troisième au classement des médailles.

Pour cela, Daichi Suzuki, le directeur de l’agence nationale des sports, une institution créée en octobre 2015, a déclaré le 20 août à la NHK que de nouveaux sports pourraient être ajoutés aux 21 qui bénéficient déjà d’une aide spéciale de l’Etat car présentant un fort potentiel de médailles. L’agence, qui travaille à améliorer l’organisation des sports au Japon pour la rendre plus efficace et plus compétitive, voit son budget augmenter régulièrement. A l’exercice 2016, il a crû de 11,7 %, à 32,4 milliards de yens (285 millions d’euros).