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Editorial Nicolas Sarkozy veut réussir cet exploit inédit, être réélu président de la République après avoir été battu, retrouver l’Elysée après en avoir été délogé par François Hollande en 2012. C’est, chez lui, un principe vital, comme un élixir de jouvence : il veut gagner. D’abord la primaire qui désignera le candidat de la droite en 2017, ensuite la présidentielle elle-même. Pour y parvenir, il compte sur ses propres forces.

Elles sont connues. D’abord, une inépuisable énergie, une inébranlable détermination, une indéfectible confiance en lui-même. « J’ai senti que j’avais la force de mener ce combat », confie-t-il d’emblée dans le livre-programme (Tout pour la France) par lequel il vient de se lancer dans la bataille. Comme pour mieux marquer sa différence, espère-t-il, avec son principal concurrent, Alain Juppé.

Sarkozy démontre une nouvelle fois sa capacité à forcer la curiosité, à saturer l’agenda politique et à structurer le débat public autour des thèmes qu’il choisit

Ensuite, un indéniable talent de communicateur. Avec son livre surprise et ses premiers meetings – jeudi 25 août, à Châteaurenard, dans les Bouches-du-Rhône, et, deux jours plus tard, devant les Jeunes Républicains au Touquet, dans le Pas-de-Calais –, Nicolas Sarkozy démontre une nouvelle fois sa capacité à forcer la curiosité, à embarquer les médias, à saturer l’agenda politique. Et à structurer le débat public autour des thèmes qu’il choisit et des propositions qu’il présente, sans hésiter à parler dru, à jouer de la provocation et à susciter la polémique.

Son troisième atout est celui de la cohérence. Les exégètes ne manqueront pas de pointer évolutions et nouveautés dans son propos. Il n’empêche, le Sarkozy 2016 est dans la continuité de celui de 2007 et, plus encore, de celui de 2012, droitier, décomplexé, voire populiste. C’est vrai sur la question de l’identité nationale qu’il entend, plus que jamais, placer au cœur de la campagne, sans craindre de flirter avec les thématiques du Front national. Il en est de même sur le terrain économique et social, où il s’affiche en grand briseur de tabous et en champion de la réforme. Il y ajoute, désormais, l’expérience, celle du pouvoir et celle de l’échec. Il veut croire, en « ces temps tourmentés », que la première lui donne un avantage déterminant sur ses concurrents de la primaire à droite. Et que la seconde aura suffisamment patiné sa personnalité urticante.

Mise en scène

Reste l’essentiel : l’ancien président est-il capable de retrouver une crédibilité largement dilapidée entre 2007 et 2012 et qu’il n’a pas réussi à reconstruire depuis deux ans, à la tête de son parti ? C’est tout l’enjeu des prochaines semaines. Son énergie tournera-t-elle, aux yeux des électeurs de droite, à l’agitation ? Le grand communicateur sera-t-il perçu comme un pénible bateleur ? Sa cohérence sera-t-elle réduite à d’inquiétantes obsessions ? Son volontarisme économique, fiscal et social à une périlleuse irresponsabilité ? Son expérience effacera-t-elle le décevant matamore qu’il a trop souvent donné à voir ?

Nicolas Sarkozy a fait tapis dès son entrée en jeu. Il se targue de « tout dire », aujourd’hui, « pour pouvoir tout faire » demain, comme pour se prémunir du risque de ne pas tenir ses engagements. Projet, programme, propositions, tout est sur la table. Et, assure-t-il, cela vaut contrat. Il entend, ainsi, combler son retard, provoquer une dynamique, prendre l’ascendant. Ce n’est évidemment pas exclu. C’est possible. Mais, au-delà de la mise en scène sarkozyste, cela reste entièrement à démontrer.