Image non datée d’un missile balistique lancé depuis un sous-marin, diffusée par l’agence de presse nord-coréenne KCNA, le 24 août. | ? KCNA KCNA / Reuters / REUTERS

La Corée du Nord a tiré mercredi 24 août un missile balistique depuis un sous-marin au large de sa côte orientale. Il a été lancé depuis un submersible croisant dans la Mer du Japon vers 5 h 50 locales, a détaillé l’état-major sud-coréen interarmées dans un communiqué, précisant que l’engin avait volé sur une distance d’environ 500 km, soit bien plus que lors de précédents essais. Le projectile est entré dans la zone d’identification aérienne du Japon, ce qui n’était jamais arrivé pour un engin de cette nature.

Confirmant ce tir, l’armée américaine a dénoncé une « provocation », promettant d’en référer aux Nations unies. Pyongyang avait, quelques jours plus tôt, lancé la menace de « frappes préventives » en réponse à des manœuvres conjointes entre Séoul et Washington. Les tensions dans la région sont exacerbées par le début, lundi, d’exercices annuels impliquant 50 000 militaires sud-coréens et 25 000 de leurs homologues américains.

Baptisés « Ulchi Freedom », ceux-ci simulent sur ordinateur une attaque nord-coréenne. Alors que les alliés assurent que le caractère de ces manœuvres est purement défensif, Pyongyang y voit une provocation. Son ministère des affaires étrangères allant jusqu’à les qualifier d’« acte criminel impardonnable », qui pourrait précipiter la péninsule « au bord de la guerre ».

La peur d’une bavure ou d’un incident

Dans son communiqué, Séoul estime que le nouveau tir de missile de Pyongyang vise à jeter de l’huile sur le feu. Il représente un « sérieux défi » à la sécurité de la zone et viole des résolutions des Nations unies. « Nous réagirons avec fermeté et sévérité à toute provocation », ajoute l’armée dans son communiqué.

Le premier ministre japonais, Shinzo Abe a, de son côté, condamné un « acte irresponsable qui ne peut être toléré ». Le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré quant à lui espérer que la situation ne s’aggrave pas : « Nous espérons que les tensions ne vont pas s’intensifier. »

Après plusieurs mois de tirs nord-coréens de missiles, consécutifs au quatrième essai nucléaire de Pyongyang en janvier, certains experts considèrent que les relations intercoréennes n’ont plus été aussi tendues depuis les années 1970.

Si Pyongyang est coutumier des menaces, plusieurs observateurs considèrent que le risque d’une bavure ou d’un incident involontaire est plus élevé du fait de la fermeture ces derniers mois de tous les canaux de communication intercoréenne. Une telle situation aurait des conséquences militaires dramatiques.

La nervosité a par ailleurs été renforcée par une récente vague de défections au Nord, la plus emblématique étant celle du numéro deux de l’ambassade du pays en Grande-Bretagne. Lundi, la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye avait mis en garde contre le risque de riposte après ces désertions, estimant « tout à fait possible que la Corée du Nord commette des attentats ». Elle avait également affirmé que son armée était en état d’alerte et « riposterait vigoureusement » à toute action hostile.

Mis au point d’un missile intercontinental

Le nouveau tir de missile par la Corée du Nord survient alors que les ministres des affaires étrangères du Japon, de la Chine et de la Corée du Sud doivent se rencontrer mercredi à Tokyo avec un menu de discussions chargé : Corée du Nord, tensions autour d’îles disputées et du déploiement d’un bouclier antimissile américain. Ce dispositif THAAD (Terminal High Altitude Area Defence), qui devrait être mis en place d’ici la fin de l’année prochaine, a suscité l’ire de Pyongyang et inquiète également Moscou et Pékin.

La Corée du Nord a effectué plusieurs tirs de missiles depuis des sous-marins, dernièrement en avril et en juillet, qui n’avaient pas dépassé 30 km. Le ministre sud-coréen de la défense estime que le pays pourrait se doter d’ici trois ou quatre ans d’un missile balistique lancé par sous-marin (SLBM) opérationnel, ce qui permettrait à Pyongyang de se projeter au-delà de la péninsule coréenne et de répliquer en cas d’attaque nucléaire.

Alors que les résolutions de l’ONU lui interdisent tout programme nucléaire ou balistique, le pays a revendiqué ces derniers mois une série d’avancées dans ces programmes. De nombreux experts s’accordent à dire que la Corée du Nord a progressé dans ses efforts pour mettre au point un missile intercontinental (ICBM) capable d’atteindre le continent américain.

Comment la Corée du Nord est-elle devenue une menace ?
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