Arrêté "anti-burkini" : le Conseil d'État "veut pacifier la polémique", selon la LDH
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Soulagement chez les associations de lutte contre l’islamophobie et dans les institutions du culte musulman. Le Conseil d’Etat a suspendu, vendredi 26 août, l’arrêté de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) qui interdisait le port de vêtements considérés comme manifestant une appartenance religieuse à la plage. La Ligue des droits de l’homme (LDH), qui avait déposé le recours, a salué cette décision, propre à apaiser les polémiques, selon son avocat Patrice Spinosi.

Marwan Muhammad, directeur du Collectif contre l’islamophobie en France, l’autre association à qui le Conseil d’Etat a donné raison, a salué une décision « historique ». Dans un tweet, il a ajouté qu’il espérait que tous les maires ayant pris des arrêtés similaires à celui de Villeneuve-Loubet les retirent.

« Un coup d’arrêt utile mais qui ne résout rien »

Sur son site internet, la LDH rappelle que ce « coup d’arrêt » est « utile » mais qu’il ne « résout rien », car le débat sur le « burkini » a contribué à faire « de nos concitoyens musulmans des Français pas comme les autres », créant de fait une « division de la nation selon l’origine et la religion des hommes et des femmes qui vivent en France ». L’association appelle elle aussi les maires des 30 autres communes concernées à susprendre leurs arrêtés anti-burkini.

De son côté, Marwan Muhammad a rappelé que, si la décision du Conseil d’Etat est positive, les verbalisations de femmes voilées sur les plages ont bel et bien eu lieu. « On ne peut pas retirer les humiliations provoquées », a-t-il affirmé.

Arrêtés « anti-burkini » : « on ne peut pas retirer les humiliations causées », selon Marwan Muhammad
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Satisfaction des représentants du culte musulman

Il s’agit d’une « décision de bon sens » et d’une « victoire du droit », selon le secrétaire général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri. « Cette décision de bon sens va permettre de décrisper la situation, qui était marquée par une tension très forte parmi nos compatriotes musulmans, notamment chez les femmes », a estimé M. Zekri, qui préside l’Observatoire national contre l’islamophobie au sein du CFCM.

Le recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, a affirmé dans un communiqué que « les musulmans doivent être fiers de la France et de son Etat de droit » après cette décision qui donne tort à « ceux qui affirment avec véhémence et non sans violence que “l’islam n’a aucune place en France, en Europe, en Occident” ». Pour lui, « l’islam a toute sa place dans la République et il a droit aujourd’hui au cadre juridique dans lequel s’exerce la liberté de conscience du musulman, qu’il prie dans cette mosquée ou qu’il se baigne dans la mer ».