Thierry Henry, le 26 mars 2015, au Stade de France de Saint-Denis. | Francois Mori / AP

L’annonce a surpris les observateurs les plus avisés du ballon rond. Successeur du sélectionneur belge Marc Wilmots, l’Espagnol Roberto Martinez a annoncé, vendredi 26 août, à Bruxelles, la nomination de l’ex-attaquant des Bleus, Thierry Henry, comme entraîneur adjoint des Diables rouges.

A 39 ans, le meilleur buteur de l’histoire des Bleus (51 réalisations en 123 sélections de 1997 à 2010) fera son baptême du feu sur le banc de la Belgique, jeudi 1er septembre, au Stade Baudoin de Bruxelles, lors d’un match amical contre l’Espagne. Deuxième adjoint de Martinez, derrière l’Anglais Graeme Jones, « Titi » Henry se déplacera ensuite à Chypre, le 6 septembre, pour les débuts des éliminatoires à l’Euro 2016.

« Il va nous apporter son expérience et son œil sur la Premier League où nombre de nos joueurs évoluent, a expliqué Martinez, en annonçant sa liste de 23 joueurs convoqués pour les deux prochains matchs contre l’Espagne et Chypre. Son approche sera complètement différente de notre staff. C’est une figure. Il n’a pas été difficile à convaincre. Il était intéressé pour nous rejoindre. L’équipe de Belgique est parfois une sélection intrigante. Il va aider nos joueurs à remporter un titre et se comporter en équipe. »

« Thierry est quelqu’un qui sait comment développer une mentalité collective, comment travailler en groupe pour gagner, a ajouté Martinez, qui a longtemps évolué en Grande-Bretagne, notamment au club gallois de Swansea, avant d’entraîner les formations anglaises de Wigan puis d’Everton (2013-2016). Il a été champion du monde en 1998, il a l’expérience pour accomplir de grandes choses. »

Sa connaissance de la Premier League

Martinez a notamment pointé la connaissance de la Premier League anglaise qu’a l’ex-canonnier d’Arsenal (226 buts en 370 matchs avec les Gunners de 1999 à 2007 puis en 2012), dont la statue trône depuis décembre 2011 près de l’Emirates Stadium, à Londres. Une expertise profitable pour le sélectionneur belge dans la mesure où seize de ses vingt-trois joueurs évoluent en Angleterre, notamment son gardien, Thibaut Courtois, et son capitaine et stratège, Eden Hazard (Chelsea).

De surcroît, la nomination de Thierry Henry renvoie à la force de frappe offensive des Diables rouges, juchés au deuxième rang au classement FIFA et dotés d’une attaque de feu avec Kevin De Bruyne (Manchester City), Michy Batshuayi (Chelsea), Christian Benteke (Crystal Palace) et Roman Lukaku (Liverpool). « La qualité offensive dans cette équipe belge est très riche. Je pense que Thierry Henry a de l’expérience et va pouvoir profiter de cette situation pour obtenir le meilleur de ces joueurs. Ce n’est pas une révolution mais une évolution », a insisté Roberto Martinez, qui a remercié l’Union belge de football d’avoir « débloqué les moyens pour constituer ce staff ».

Alors que la rémunération de Thierry Henry demeure confidentielle, ce dernier n’était pas présent à la conférence de presse du nouveau sélectionneur belge, organisée à Bruxelles. « Je suis honoré de devenir entraîneur assistant chez les Diables rouges. Merci à Roberto Martinez et à l’Union belge de Football. Je suis très excité », a tweeté l’ex-capitaine des Bleus, quatre participations en Coupe du monde et 411 buts inscrits en 917 matchs au compteur, doté d’une réputation de gagneur et d’un palmarès éloquent (champion de France en 1997, double champion d’Angleterre en 2002 et 2004, double champion d’Espagne en 2009 et 2010, vainqueur de l’Euro 2000, vainqueur de la Ligue des champions en 2009).

Consultant de luxe pour Sky Sports

La nomination de l’ex-attaquant de l’AS Monaco (1994-199), de la Juventus Turin (1999) et du FC Barcelone (2007-2010) au chevet de la sélection belge, éliminée (3-1) par le Pays de Galles en quarts de finale de l’Euro 2016, a de quoi surprendre. Celui qui avait pris sa retraite en décembre 2014, après une énième saison en MLS avec les Red Bulls de New York (qu’il avait rejoints après le fiasco de Knsyna lors du Mondial 2010), avait à l’époque repris la direction de Londres pour jouer les consultants de luxe pour Sky Sports, la chaîne du milliardaire Rupert Murdoch. Il avait signé un contrat de six ans avec le groupe télévisuel (le Daily Mail parlait d’un contrat de 30 millions d’euros jusqu’en 2021). Thierry Henry promettait toutefois de passer ses diplômes d’entraîneur.

Il a d’ailleurs passé son diplôme d’entraîneur en Angleterre, notamment auprès des catégories de jeunes d’Arsenal. En mars, il a annoncé, sur Twitter, avoir obtenu sa licence UEFA, qui lui permet désormais d’entraîner une équipe qualifiée pour une Coupe d’Europe.

A l’aise au micro, le natif des Ulis (Essonne) n’hésitait pas à critiquer les joueurs de l’équipe de France sur Sky Sports. En avril 2015, il avait remis en cause les prestations d’Olivier Giroud, l’attaquant des Bleus et d’Arsenal : « Je pense que Giroud se débrouille très bien. Maintenant, est-ce que vous pouvez gagner le championnat avec lui ? Je ne le crois pas », estimait-il. Contactée par Le Monde, l’Union belge de football indique que « normalement, Thierry Henry continuera à travailler pour Sky » en marge de ses nouvelles activités.

La confrérie des champions 1998 devenus entraîneurs

Finaliste malheureux du Mondial 2006 face à l’Italie (1-1 aux tirs au but), adulé en Angleterre mais impopulaire en France, notamment après sa fameuse main lors du barrage retour contre l’Irlande en novembre 2009, Thierry Henry rejoint ainsi l’imposante confrérie des champions du monde 1998 devenus entraîneurs. Parmi eux, Didier Deschamps et Laurent Blanc ont fait figure de pionniers. Le premier a entraîné Monaco, dès 2001, avant de prendre notamment les commandes de l’Olympique de Marseille (2009-2012) et de l’équipe de France, s’inclinant en finale de l’Euro 2016 contre le Portugal.

Thierry Henry, en 2012, avec Arsenal. | GLYN KIRK / AFP

Le second a pris en main les Girondins de Bordeaux en 2007, avant de devenir sélectionneur des Bleus (2010-2012) et d’entraîner le Paris-Saint-Germain de 2013 à la rupture de son contrat, en juin 2016 (avec trois titres de champion de France et onze trophées nationaux à la clé).

Quant au sphinx Zinédine Zidane, il est devenu, en janvier, coach du Real Madrid, le club le plus riche du monde. En mai, l’ex-numéro 10 des Bleus a permis aux Merengue de remporter leur onzième titre en Ligue des champions.

D’autres champions du monde 1998 ont également embrassé la carrière d’entraîneur. L’ex-capitaine des Bleus Patrick Vieira dirige actuellement le New York City FC, en MLS, avec sous ses ordres l’Italien Andrea Pirlo, l’Espagnol David Villa et l’Anglais Franck Lampard.

Depuis août 2015, l’ex-ailier Bernard Diomède est devenu sélectionneur de l’équipe de France des Moins de 17 ans, puis des 18 ans. Quant à l’ancien milieu Alain Boghossian, il a été l’adjoint des sélectionneurs Raymond Domenech (2008-2010) et Laurent Blanc (2010-2012). Enfin, l’ancien gardien Lionel Charbonnier a successivement entraîné le Stade Poitevin, le FC Sens, Tahiti, l’Aceh United (Indonésie), le FC Bleid (Belgique) et au SM Sanga Balende (République démocratique du Congo).

Ex-partenaire d’attaque de « Titi » à l’AS Monaco et chez les Bleus, l’ex-buteur David Trezeguet, a, lui, choisi une autre voie. Né comme Henry en 1977, retraité des terrains en janvier 2015, « Trezegoal » est devenu dirigeant à la Juventus Turin, en charge du développement de l’image du club à l’étranger.