Des soldats turcs à bord d’un blindé, le 26 août. | BULENT KILIC / AFP

Des dizaines de personnes ont été tuées, dimanche 28 août, dans le nord de la Syrie, par d’intenses bombardements de l’armée turque, au cinquième jour de son opération « Bouclier de l’Euphrate ». Cette offensive militaire sans précédent a permis à des rebelles syriens soutenus par les forces d’Ankara de reprendre la ville de Djarabulus aux djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI), mais aussi de s’enfoncer dans des territoires contrôlés par les Forces démocratiques syriennes (FDS), la coalition que forment des groupes arabes et les combattants kurdes syriens proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Alors que l’armée turque annonce avoir tué « 25 terroristes du PKK-PYD », en référence aux forces kurdes et pro-kurdes, un porte-parole de l’administration semi-autonome instaurée par les Kurdes en Syrie depuis 2012 à la faveur de la guerre a pour sa part donné un bilan de 75 civils tués dans deux villages au sud de la ville de Djarabulus. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) fait état pour sa part de la mort de 40 civils dans ces deux localités. « Toutes les mesures ont été prises pour empêcher que les populations civiles ne soient touchées », a rétorqué l’armée turque.

Dans un communiqué, les Kurdes ont accusé Ankara de « vouloir élargir son occupation pour parvenir à d’autres régions syriennes ». D’après les rebelles syriens soutenus par Ankara, au moins neuf villages et localités, dont Djarabulus, ont été repris depuis mercredi à l’EI (territoires en noir) et aux forces pro-kurdes (en jaune). Au moins une dizaine de combattants kurdes auraient été faits prisonniers ce week-end, selon des images diffusées par les rebelles.

Contrer l’avancée des milices kurdes

L’opération turque vise à chasser l’EI de la zone mais aussi à contrer l’avancée des milices kurdes, une nouvelle étape dans le conflit. Sous le nom « Forces démocratiques syriennes », les forces autonomistes kurdes en Syrie sont alliées, depuis octobre 2015, avec des combattants arabes locaux dans les provinces d’Alep, de Rakka (Nord) et de Hassaké (Nord-Est).

Cette alliance, appuyée par les Etats-Unis, a pu chasser l’EI de plusieurs localités et villes, dont Manbij (Nord) début août, mais sa progression a suscité l’inquiétude d’Ankara, qui considère le Parti de l’union démocratique (PYD), principal groupe kurde de Syrie, et son aile militaire, les YPG (unités de protection du peuple kurde) comme des organisations « terroristes ».

Un soldat turc tué

D’après la télévision turque NTV, l’artillerie et les avions turcs ont bombardé toute la nuit et dans la matinée des YPG. Samedi, des affrontements avaient éclaté pour la première fois entre des chars turcs et des combattants kurdes ou soutenus par ces derniers à Al-Amarné. Ils ont provoqué la première mort, côté turc, d’un soldat, tué dans une attaque à la roquette menée contre deux chars par les YPG.

Un aéroport turc visé par des tirs de roquettes

Quatre roquettes ont été tirées, samedi soir 27 août, contre l’aéroport de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, a rapporté l’agence de presse Dogan, attribuant l’attaque au PKK. La salve s’est abattue sur un terrain vide à proximité d’un point de contrôle de la police et n’a pas fait de blessé, a précisé Dogan. L’attaque survient au lendemain d’un attentat au véhicule piégé qui a fait au moins onze morts dans les rangs de la police et des dizaines de blessés à Cizre, également dans le sud-est de la Turquie.