Dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 août, l’atelier du célèbre artiste allemand Anselm Kiefer a été cambriolé à Croissy-Beaubourg (Seine-et-Marne), a révélé, mardi 30 août, Le Parisien. Les voleurs ont démantelé une sculpture géante mêlant 10 tonnes de plomb et 12 tonnes de marbre qui se trouvait dans une cage en métal verrouillée dans la cour intérieure de l’entrepôt. Quatre personnes ont été surprises par un vigile, avant de réussir à fuir avec leur butin.

L’œuvre, dont la valeur est estimée à 1,3 million d’euros, selon le commissariat de Noisiel, chargé de l’enquête, était composée de livres géants en plomb, l’un des motifs récurrents de l’œuvre d’Anselm Kiefer, inspirée par l’histoire, la philosophie et la poésie.

Quelques heures plus tard, dimanche après-midi, deux femmes de nationalité roumaine ont été interpellées alors qu’elles s’étaient introduites sur les lieux à travers la clôture entaillée. Elles chargeaient dans un chariot les chutes du découpage abandonnées durant le vol et qui n’avaient pas encore pu être mises à l’abri par les employés du lieu en raison de leur poids. Elles devaient être jugées, mardi 30 août, en comparution immédiate devant le tribunal de grande instance de Meaux (Seine-et-Marne).

Récupérateurs de métaux

Ce n’est pas la première fois qu’Anselm Kiefer, installé en France depuis une vingtaine d’années et l’un des artistes vivants les plus cotés, se fait dérober des œuvres non pas pour leur valeur artistique, mais pour leurs composants, à la valeur bien inférieure (le cours du plomb s’élève actuellement à 1 670 euros la tonne).

En janvier 2008, le vol d’un ensemble de plusieurs dizaines de livres en plomb, d’un poids total de 7,5 tonnes, avait été constaté dans son atelier précédent, à Barjac, dans le Gard, avant d’être retrouvés en très mauvais état quelques jours plus tard. Pour ces œuvres, les enquêteurs avaient mené leurs recherches du côté des récupérateurs de métaux en Ardèche et dans la Drôme.

C’est en 2009 qu’Anselm Kiefer avait racheté à l’ancien grand magasin parisien La Samaritaine des entrepôts de 35 000 m2 à Croissy, qui lui servent depuis d’atelier et de lieu de stockage à la mesure de ses œuvres monumentales. L’artiste et la mairie de la ville ont formulé, il y a quelques années, le souhait de créer un musée à ciel ouvert dans les bois de la commune, autour de ses étangs.

L’Allemand, âgé de 71 ans, a été célébré à Paris en 2015, avec une grande rétrospective au Centre Pompidou, et une exposition en parallèle de ses « livres » mêlant photos, métaux, terre cuite, gouaches ou fusains à la Bibliothèque nationale de France (BNF). En 2007, il avait été choisi pour inaugurer le cycle des expositions « Monumenta » dans la nef du Grand Palais.