Le président de la FIFA, Gianni Infantino, en juillet. | PHILIP OJISUA / AFP

Six mois après son élection, le 26 février, à la présidence de la Fédération internationale de football (FIFA), le Suisse Gianni Infantino a enfin régularisé sa situation salariale et contractuelle. Dans un communiqué publié mercredi 31 août, la sous-commission chargée des rémunérations à la Fédération a dévoilé les émoluments que toucherait désormais l’ex-secrétaire général de l’Union des associations européennes de football (UEFA). Présidée par le Slovène Tomas Vesel, ladite sous-commission a fixé à 1,5 million de francs suisses annuels, soit 1,36 million d’euros, (avec des avantages), le salaire du nouveau patron du football mondial. Celui de la Sénégalaise Fatma Samoura, secrétaire générale de l’instance, a été établi à 1,3 million de francs suisses, soit 1, 18 million d’euros.

Gianni Infantino bénéficiera d’une voiture et d’un logement de fonction ainsi que de remboursements de frais à hauteur de 2 000 francs suisses par mois (1 800 euros environ). A l’instar de sa numéro 2, le Valaisan ne touchera pas de bonus en 2016. Cette décision fait écho à la publication, au début de juin, par la FIFA des conclusions d’une enquête interne réalisée par le cabinet d’avocats californien Quinn Emanuel, qui défend ses intérêts.

Ce rapport mettait ainsi au jour le versement, entre 2011 et 2015, de 80 millions de dollars à l’ex-président de la FIFA, Joseph « Sepp » Blatter (1998-2015), suspendu six ans, à son secrétaire général français Jérôme Valcke (2007-2015), radié douze ans, et à l’Allemand Markus Kattner, directeur financier et secrétaire général par intérim de l’instance. Ce dernier a d’ailleurs été licencié, le 23 mai, pour des « manquements » dans ses activités.

Cette enquête soulignait un « effort coordonné de trois anciens dirigeants de la FIFA pour s’enrichir eux-mêmes via des augmentations de leur salaire annuel, des bonus liés aux Coupes du monde et d’autres avantages » et pointait des « manquements aux obligations fiduciaires ». La Fédération a d’ores et déjà partagé ces données avec le parquet suisse et entend saisir son comité d’éthique et la justice américaine.

Par ailleurs patron du comité d’audit et de conformité de la FIFA, Tomaz Vesel a décidé de remettre en cause la politique actuelle en matière de bonus, la jugeant « inadéquate et ouvrant la porte à des dysfonctionnements et à un mauvais usage ». « La rémunération annuelle du président de la FIFA représente moins de 25% de celle de son prédécesseur », a insisté l’instance dans son communiqué.

Un plan de communication

« Compte tenu des récents malentendus et déformations concernant ce processus et ma rémunération, je suis heureux que ce problème soit désormais réglé », a déclaré Gianni Infantino, qui assure avoir « un contrat de travail signé et valide ». Ledit contrat prend effet le 27 février 2016, au lendemain de l’élection de l’Helvète. Cette opération transparence s’apparente à un plan communication dans la mesure où, depuis six mois, le salaire et la situation contractuelle du nouveau patron du football mondial suscitaient la polémique. Au point d’enténébrer le début de règne de l’ex-bras droit de Michel Platini, suspendu quatre ans.

Contacté en juin par Le Monde, le criminologue Mark Pieth, ex-président du comité chargé de réformer la FIFA, (2011-2013), expliquait que Gianni Infantino n’avait pas accepté la proposition salariale de 2 millions de francs suisses que lui avait faite Domenico Scala, alors patron de la sous-commission des rémunérations, président du comité d’audit et de conformité, et démissionnaire le 14 mai. Des émoluments très éloignés de ceux de Sepp Blatter (3,6 millions de francs suisses en 2015, soit 3, 2 millions d’euros) voire de ceux de l’ex-secrétaire Jérôme Valcke (2,12 millions de dollars en 2015, soit 1,87 million d’euros).

Une explication confirmée par les écoutes révélées, le 30 mai, par le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Aujourd’hui, je n’ai pas de contrat avec la FIFA, a ainsi assuré M. Infantino lors d’une réunion du conseil de la FIFA. Je n’ai pas signé le contrat qui m’a été proposé par le président du comité d’audit et de conformité. Je n’ai pas accepté cette proposition. C’était une proposition que j’ai trouvée insultante. »

Le 5 août, Gianni Infantino avait été blanchi par le comité d’éthique de la FIFA à l’issue d’une enquête formelle. Ces investigations faisaient suite à une série de plaintes en interne et portaient sur des vols d’avions privés effectués par le patron du football mondial ainsi que le différend d’ordre contractuel entre le Suisse et la FIFA.