Présentation numérique du projet de construction de deux réacteurs EPR dans la centrale nucléaire Hinkley Point, près de Bridgwater, dans le sud-ouest de l’Angleterre. | HO / AFP

Nouveau recours dans la saga franco-britannique. Cinq des six administrateurs d’EDF représentant les salariés ont engagé une procédure auprès du tribunal de commerce de Paris pour obtenir l’annulation de la décision finale d’investissement du groupe dans le projet nucléaire Hinkley Point, au Royaume-Uni, ont annoncé mercredi 31 août leurs avocats et les syndicats.

Ils estiment que le PDG, Jean-Bernard Lévy, n’a « pas communiqué des informations essentielles en sa possession concernant ce projet majeur pour l’entreprise », au moment de la réunion du conseil d’administration du 28 juillet, en « violation du droit à l’information des administrateurs », a indiqué dans un communiqué le cabinet d’avocats qui les représente.

Ces administrateurs salariés protestent également contre la participation au vote de plusieurs administrateurs « en situation de conflit d’intérêts avec l’entreprise ». Le tribunal de commerce de Paris devrait fixer le 5 septembre une date d’audience, a précisé le cabinet.

Demande d’un report de trois ans

Cette démarche des administrateurs salariés intervient après plusieurs recours en justice du comité central d’entreprise, dont l’un doit être plaidé le 22 septembre. Dans un communiqué, l’intersyndicale CGT, CFE-CGC et FO d’EDF, qui bataille depuis plusieurs mois contre un lancement précipité du projet, apporte son « plein soutien » à l’action de ces administrateurs salariés. Elle juge que ce chantier de construction de deux réacteurs European Pressurized Reactors (EPR), qui s’élève à près de 21,2 milliards d’euros, est périlleux pour les finances de l’entreprise.

Le 8 août, l’intersyndicale avait déjà dénoncé un « scandale de gouvernance », accusant la direction de l’électricien de rétention d’informations. Selon un courriel adressé le 2 août par Jean-Bernard Lévy aux membres du comité exécutif et vu par l’AFP, EDF savait le 28 juillet que le gouvernement britannique souhaitait se donner « un peu plus de temps » sur ce dossier.

Londres avait annoncé le soir même de la réunion du conseil d’administration qu’il ne rendrait pas sa décision finale avant l’automne. Or, « la volonté britannique à aller très vite a toujours été présentée comme la justification de l’urgence à signer », avait observé l’intersyndicale, qui demande un report de deux à trois ans du projet.

M. Lévy s’était défendu d’avoir menti aux administrateurs, assurant ne pas avoir eu alors connaissance de la volonté de Londres de « procéder à un nouvel examen » du projet.

Nucléaire : pourquoi le projet de centrale d'Hinkley Point est-il controversé ?
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