Donald Trump au Convention Center de Phoenix (Arizona) le 31 août. | EVAN VUCCI / AP

La journée avait commencé un Donald Trump présidentiel, s’exprimant posément en milieu d’après-midi, mercredi 31 août, aux côtés d’un président, Enrique Pena Nieto, à Mexico. Elle s’est achevée sur une estrade à Phoenix, dans l’Arizona, par un discours avec lequel le candidat républicain à l’élection présidentielle du 8 novembre a définitivement dissipé les doutes qu’il avait lui-même alimenté ces derniers jours à propos d’une éventuelle atténuation de son plan sur l’immigration.

Son discours sombre, dépeignant un pays au bord du chaos et rongé par une violence explicable principalement par l’immigration, a été très proche de ceux prononcés pendant la longue campagne des primaires républicaines, et adressé en priorité à sa base. La polémiste anti-immigration Ann Coulter a été à ce point transportée qu’elle a jugé sur son compte Twitter que l’éloquence du magnat de l’immobilier surpassait désormais celle de Winston Churchill.

Flottement de deux semaines

Pendant plus d’un an, M. Trump avait campé sans faillir sur la ligne la plus dure jamais défendue par un candidat républicain : construction d’un « mur » sur la frontière avec le Mexique, financement de l’ouvrage par les Mexicains eux-mêmes, expulsion des 11 millions de sans-papiers présents, parfois depuis des décennies, sur le sol américain. Après un flottement de deux semaines coïncidant avec un remaniement de son équipe de campagne, il a défendu à nouveau avec force les deux premiers mercredis soirs.

Plus tôt, à Mexico, s’exprimant devant la presse en compagnie de son hôte, le magnat de l’immobilier avait assuré ne pas avoir abordé la question du financement sans que M. Pena Nieto ne bronche. Quelques instants après le départ du milliardaire, ce dernier assurait cependant sur son compte Twitter qu’il lui avait assuré que le Mexique ne paierait jamais. « Ils paieront, croyez-moi, même s’ils ne le savent pas encore », a assuré en début de soirée M. Trump devant un public électrisé par cette promesse.

Le magnat de l’immobilier a en revanche esquivé la question qu’il avait lui-même posée à son public lors d’un « town hall » à Austin, au Texas, une semaine auparavant. Ce soir-là, M. Trump avait paru fléchir à propos des sans-papiers déjà présents aux États-Unis, parfaitement intégrés dans la société américaine, et dont les enfants peuvent être américains. M. Trump a évité mercredi l’obstacle en réduisant l’immigration à un problème de sécurité, l’angle principal du plan en dix points détaillé devant ses supporteurs.

Série de meurtres

Promettant « une tolérance zéro », l’expulsion « immédiate » des repris de justice séjournant illégalement aux États-Unis, estimés à deux millions, il a d’ailleurs commencé son intervention en égrenant une série de meurtres perpétrés par des sans-papiers. Il s’est fait fort de donner le nom de ces victimes à des lois sur l’immigration et invité certains de leurs parents à le rejoindre sur scène, où ils ont défilé pour appeler à voter en sa faveur.

Après avoir mentionné par le passé la création d’une force chargée de l’expulsion de ces millions de sans-papiers dépourvus de casier judiciaire, le milliardaire a laissé dans le doute ses auditeurs. Ces derniers ont pu comprendre que le caractère illégal de leur présence aux Etats-Unis était en soi synonyme de départ forcé. Ecartant toute forme de régularisation et d’« amnistie », comme celles pratiquées par les présidents républicains précédents, il a indiqué en effet qu’ils n’auront d’autre choix que « de rentrer chez eux et de faire une demande légale, comme tout le monde ».

M. Trump a cependant ajouté une restriction supplémentaire. Il a en effet affirmé que les Etats-Unis devraient désormais adopter une politique migratoire plus exigeante pour maintenir la part des immigrés « dans des normes historiques », alors qu’elle a beaucoup fluctué au cours de l’histoire des Etats-Unis. M. Trump a assuré qu’il faudrait les choisir en fonction « du mérite, du talent et de la compétence ».