A l’aéroport international de Caracas, en 2013. | JORGE SILVA/REUTERS

L’arrivée à l’aéroport international de Caracas, mercredi 31 août, a été brutale pour Marie Delcas, envoyée spéciale du journal Le Monde, César Moreno de Caracol Radio (Colombie), John Otis de la National Public Radio (Etats-Unis) et Kejal Vyas du quotidien Wall Street Journal (Etats-Unis). Lorsqu’ils ont expliqué le but de leur voyage – exercer leur métier –, la policière a tiqué : « Du journalisme ? ». Les passeports ont été immédiatement saisis pour être examinés par les chefs de la police dans leur bureau.

Ces journalistes s’étaient déplacés pour couvrir la manifestation de l’opposition, convoquée à Caracas jeudi 1er septembre. Leur attente a été longue, inconfortable. Finalement, seul Kejal Vyas, correspondant à Caracas depuis 2011, disposant d’un visa de résident, a été autorisé à passer. Les trois autres ont été refoulés, sommairement, sans explications. On les a obligés à signer un document qui déclare leur entrée « non admissible », car elle ne serait pas conforme aux dispositions de la réglementation migratoire. Ils ont été embarqués sur un vol d’Avianca à destination de Bogota, en fin d’après-midi.

Limbes légaux

« Lorsqu’on remplit le formulaire d’accréditation sur le site du ministère pour la communication et l’information, on ne reçoit jamais de réponse, mais en général cela ne pose pas de problème, on peut débarquer à Caracas sans obstacle et on se rend ensuite au siège du ministère », explique Marie Delcas, basée habituellement à Bogota, en Colombie.

Cette procédure laisse tous les reporters étrangers dans des limbes légaux, ce qui permet aux autorités d’agir de manière discrétionnaire. La veille, une équipe de télévision d’Al-Jazeera avait aussi été refoulée. Deux autres reporters ont subi le même sort : Dora Glottman de Noticias Caracol (Colombie) et Jim Wyss du quotidien Miami Herald (Etats-Unis).

« Mon reportage au Venezuela commence mal : je suis déporté en Colombie », a ironisé John Otis sur son compte Twitter.

« Je ne comprends pas ce que le régime veut cacher, a déclaré pour sa part Cesar Moreno. Il y a des agences de presse et des journalistes au Venezuela qui vont rendre compte de ce qui se passera ce jeudi à Caracas, lors de la manifestation convoquée par l’opposition. Cette censure contre nous n’a pas de sens. » Le dirigeant de l’opposition Jesus Torrealba a abondé dans le même sens : « Il est impossible d’appliquer un black-out sur l’information au Venezuela », a-t-il assuré, interpellant le président Nicolas Maduro.

Venezuela : des expulsions intolérables

Notre journaliste Marie Delcas a été refoulée par les autorités vénézuéliennes de l’aéroport de Caracas, avec d’autres reporters de la presse internationale, mercredi 31 août. Le but de leur déplacement était de rendre compte de la manifestation organisée par l’opposition vénézuélienne pour réclamer un référendum révocatoire en vue du départ du président Nicolas Maduro. Un autre envoyé spécial, déjà présent sur place, a, lui, été expulsé.

Le Monde proteste contre cette entrave…