Le vol 387, le premier entre les Etats-Unis et Cuba en 55 ans, a atteri à Santa Clara le 31 août 2016. | Ramon Espinosa / AP

Le premier vol commercial entre les États-Unis et Cuba en plus d’un demi-siècle a atterri dans la ville de Santa Clara mercredi 31 août dans la matinée. Le trafic aérien entre les deux pays avait été interrompu à cause de l’embargo établi durant la guerre froide par les USA il y a 55 ans.

JetBlue avait affrété un Airbus A320 et un équipage composé de cubains américains pour ce vol spécial et les officiels de la compagnie avaient troqué leur costume pour des chemises traditionnelles cubaines. Selon l’agence de presse AP, l’atterrissage s’est fait sous les applaudissements des passagers (officiels, journalistes, familles américano-cubaines et voyageurs américains).

« Ce fut une émotion incroyable ! Tous les passagers (...) qui voyageaient sur ce vol historique avaient le sourire et étaient émus d’arriver », a décrit à l’AFP Giselle Cortes, 34 ans, cadre de la compagnie JetBlue Airways, dont le vol 387 est arrivé à 10 h 57 à Santa Clara, dans le centre de l’île.

L’Airbus A320, son pilote et co-pilote américains de parents cubains et ses 150 passagers avaient décollé une heure plus tôt de l’aéroport de Fort Lauderdale (Floride), dans le sud-est des Etats-Unis.

« Ma grand-mère est Cubaine, elle est partie il y a 60 ans, je suis la première de ma génération à (re)venir à Cuba, ma seconde patrie », a encore confié Mme Cortes, visiblement très émue.

Drapeaux et tradition

Peu après l’atterrissage, l’appareil a été accueilli par des gerbes de canons à eau, une tradition pour les liaisons inaugurales. Puis deux passagers ont descendu les premiers l’escalier mobile munis de drapeaux cubain et américain qu’ils ont échangé avant de s’embrasser une fois sur le tarmac.

« Dans l’avion on a bu des verres et fêté ça (...) C’était très amusant et on a pris des photos avec les drapeaux cubains », a rapporté à l’AFP l’Américaine Leanne Spencer, qui travaille dans l’événementiel et voyage pour la première fois à Cuba avec sa fille de 17 ans, Natalie.

« Je suis si fier, tellement submergé par l’émotion », avait sangloté juste avant le vol Domingo Santana, 53 ans, qui a quitté Cuba à l’âge de six ans et compte parmi les deux millions de membres de la communauté cubaine en exil aux Etats-Unis, dont la moitié réside à Miami (Floride).

Dans un tweet, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a salué « un nouveau pas en avant » dans les relations entre les anciens ennemis « un an à peine après avoir hissé le drapeau américain à la Havane » au moment du rétablissement officiel des relations diplomatiques entre les deux ex-ennemis.

Vols vers La Havane

A bord de ce premier vol régulier depuis 1961, date de la rupture des relations diplomatiques entre deux pays dont les côtes sont distantes de seulement 200 km, figurait le secrétaire américain aux Transports Anthony Foxx, qui a rencontré des hauts responsables cubains dans l’après-midi à La Havane. « C’est l’un des exemples les plus visibles des actions du président des Etats-Unis pour rétablir les relations diplomatiques avec Cuba », a-t-il déclaré.

Le liaison de JetBlue fait partie des 110 vols quotidiens prévus par un accord conclu en février entre les deux pays, dans la foulée de leur rapprochement historique engagé depuis fin 2014. Jeudi, un autre vol, cette fois de la compagnie Silver Airways, doit effectuer la même liaison.

Pour les liaisons prévues vers la Havane, M. Foxx a annoncé mercredi dans un communiqué publié peu après son arrivée que « huit compagnies avaient été sélectionnées » pour opérer « dès cet automne ».

Galère des charters

Jusqu’à présent, seule une vingtaine de vols charters, autorisés depuis 1979, opéraient jusque-là quotidiennement entre les deux pays à des tarifs bien supérieurs.

Les vols réguliers « permettront un mouvement plus fluide de personnes, de marchandises, d’information et d’idées entre deux lieux très proches géographiquement mais très distants politiquement », observe Jorge Duany, directeur de l’institut de recherche cubaine à l’université internationale de Floride.

Depuis l’annonce choc du dégel de leurs relations, les deux pays ont concrétisé plusieurs avancées diplomatiques et ont notamment rétabli un service postal direct, alors que les hôteliers et croisiéristes américains ont commencé à revenir à Cuba.

En 2015, Cuba a reçu un total de 161 233 visiteurs Américains, soit une hausse de 76 % par rapport à 2014. Une tendance confirmée depuis le début de l’année avec 94 000 séjours d’Américains entre janvier et avril (+ 93 %).

Les Américains, qui étaient auparavant interdits de voyager sur l’île selon les lois américaines pourront désormais effectuer le voyage s’ils remplissent l’une des douze catégories exigées par leur gouvernement (voyage culturel, éducatif, pour la rencontre d’un proche etc.).

Huit compagnies aériennes vont assurer environ 300 vols hebdomadaires entre les deux pays, ce qui ouvre de nouvelles perspectives pour le tourisme local.