Des petites filles évacueés de la ville assiégée de Daraya en banlieue de Damas arrivent au camp de Herjalleh en zone contrôlée par le gouvernement, le 27 août 2016, suite à l’accord passé entre le régime et les rebelles. | OMAR SANADIKI / REUTERS

Un seul camion humanitaire en cinq ans de siège. Pour les habitants de Daraya, ville aux mains des rebelles et assiégée par le régime syrien, l’arrivée en juin de ce premier convoi d’aide dans une cité en grande partie détruite n’aura été d’aucun soulagement. Le 26 août, combattants et civils ont dû se résoudre à céder aux termes du cessez-le-feu imposés par le régime et à évacuer la ville, devenue zone militaire sous contrôle gouvernemental. Dans le reste du pays, d’autres localités vivent toujours sous siège, dans des conditions humanitaires tragiques.

A Madaya ou Zabadani, assiégés par le régime, ou Foua et Kafraya, assiégés par les rebelles, le dernier passage d’un convoi humanitaire remonte au 30 avril, a annoncé Staffan de Mistura, envoyé spécial des Nations unies (ONU) pour la Syrie à Genève. Dans d’autres villes, les convois n’ont pas pu entrer depuis le début du mois d’août. Seule la ville de Deir ez-Zor, à l’est du pays, continue de bénéficier régulièrement d’envois de denrées grâce à des largages aériens qui contournent le siège des djihadistes.

Des entraves à la délivrance d’aide

L’ONU multiplie les appels à des trêves dans les combats entre forces gouvernementales et rebelles pour faciliter la délivrance d’aide humanitaire. Mais, la capacité d’intervention des agences d’aide onusiennes est surtout tributaire du bon vouloir des autorités de Damas, qui donnent leur autorisation pour le passage des convois humanitaires. En mars, le conseiller onusien Jan Egeland qualifiait de « violation du droit international » le refus de Damas d’autoriser le passage de convois à l’ensemble des villes assiégées et l’interdiction faite d’apporter une aide médicale.

Devant les entraves répétées à l’aide pour les villes assiégées, l’ONU a menacé de suspendre toute réunion sur la question humanitaire, demandant entre autres le respect des ordonnances censées faciliter l’entrée des camions, et notamment une trêve humanitaire de quarante-huit heures pour ravitailler la ville d’Alep. Le 25 août, à la veille d’une réunion sur la crise syrienne entre le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, Moscou a approuvé la mise en place de cette trêve. Mais certains membres de l’opposition ont exprimé des réticences face à ce plan.

Une centaine de cités et zones difficiles d’accès

Selon les chiffres de l’ONU, dix-huit villes sont actuellement assiégées en Syrie, majoritairement par le gouvernement qui tente de les reprendre aux opposants. L’office de coordination pour les affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) estime que 592 000 personnes sont ainsi retenues dans ces villes. En juillet, Stephen O’Brien, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU, déclarait que 200 000 à 300 000 personnes supplémentaires étaient sous le risque d’être assiégées à leur tour dans l’est d’Alep, dans le nord du pays.

En plus de ces 18 villes assiégées, l’ONU recense une centaine de cités et de zones considérées comme « difficiles d’accès ». Certaines ONG et associations humanitaires, comme The Syria Institute, contestent cette dénomination et vont plus loin en regroupant l’ensemble des villes entourées par des belligérants sous le terme de « ville assiégée ». Parmi elles, les villes d’Homs (dont seul le quartier d’Al-Waer est considéré comme assiégé par les Nations unies) ou encore Palmyre, récemment reprise aux djihadistes du groupe Etat islamique. Une partie du nord du pays est d’ailleurs contrôlée par ce dernier, faisant d’elle la plus grande région jugée quasiment inaccessible pour les humanitaires.

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La majorité des villes assiégées se situent dans les environs de Damas, la capitale, où 282 500 personnes vivent recluses depuis 2012 selon l’ONU, dans un territoire contrôlé par l’opposition. Dans les localités d’Erbine et de Zamalka, dans les banlieues Est, les premiers convois humanitaires n’ont pu entrer que le 30 juin 2016, pour la première fois en quatre ans de siège. Dans la province d’Idlib, au nord de Damas, passée sous le contrôle des rebelles de l’Armée de la conquête en mars 2015, deux villes à majorité chiite sont assiégées par les opposants : Foua et Kafraya.

Quelques trêves dans le conflit syrien ont permis aux civils retenus dans les villes assiégées de se ravitailler ou de fuir vers des provinces mieux couvertes par les organisations humanitaires – ou bien vers l’étranger. Pour les habitants qui restent, le quotidien est marqué par de nombreuses pénuries, par la flambée des prix mais également par la famine et les maladies. Certains responsables humanitaires ont dénoncé les tactiques d’assiègement utilisées par les différentes parties.

Les 18 villes et quartiers assiégées de Syrie

Cette carte représente les quartiers ou les villes assiégées de Syrie proportionnellement au nombre d'habitants pris dans le siège.

Source : ONU