« YouTube ruine ma chaîne et je ne sais pas quoi faire. » Dans une vidéo publiée mercredi 31 août et consultée plus de 3 millions de fois, le youtubeur américain Philip DeFranco s’en prend à la plateforme qu’il accuse de « censure ». Comme de nombreux autres vidéastes ces derniers jours, il a reçu des courriels de YouTube l’informant que certaines de ses vidéos avaient été « démonétisées ». Concrètement, cela signifie que YouTube retire la publicité placée sur une vidéo, et prive ainsi son auteur des revenus qu’elle génère.

Youtube Responded, But It Gets Even More Confusing...
Durée : 10:12

Des règles définissent les contenus sur lesquels YouTube, propriété de Google, ne veut pas afficher de publicité. Ainsi, les contenus sexuellement explicites, « y compris la nudité et l’humour sur le sexe », sont exclus, tout comme la violence, le « langage vulgaire » et la promotion des drogues. Enfin, YouTube retire la publicité sur « les sujets et événements controversés, ce qui inclut des sujets relatifs à la guerre, aux conflits politiques, aux catastrophes naturelles et tragédies, même si aucune image explicite n’est montrée ».

« Poignardé dans le dos »

Des domaines extrêmement vastes et, surtout, soumis à interprétation. YouTube n’a pas précisé, dans les messages envoyés aux youtubeurs, la raison exacte qui, à chaque fois, l’a poussé à démonétiser la vidéo. Concernant Philip DeFranco, parmi les douze vidéos concernées, certaines évoquaient par exemple la sortie de prison d’un violeur ou encore un récent accrochage du chanteur Chris Brown avec la police. Le youtubeur français Doc Seven a quant à lui été surpris de voir sa vidéo sur les événements marquants de l’année 1991 démonétisée. « Je pense avoir compris », suggérait-il jeudi sur Twitter. Selon lui, le problème est peut-être que la vidéo évoquait la guerre du Golfe.

Suite à ces courriels de YouTube, de nombreux vidéastes ont fait part de leur incompréhension et de leur mécontentement, en vidéo ou sur les réseaux sociaux. « Après dix ans, j’ai l’impression d’avoir été poignardé dans le dos », estime Philip DeFranco. « Sérieusement, on ne peut pas parler de catastrophes naturelles ! » s’indigne GeekRemix, spécialisé dans le jeu vidéo. « YouTube a désactivé les publicités de mes vidéos sur la dépression parce que les publicitaires ne l’aiment pas. Désolée que la dépression ne soit pas assez jolie… », déplore de son côté le youtubeur Luke Cutforth.

Pourtant rien n’a changé

Après la vidéo très consultée de Philip DeFranco, suivie des réactions d’autres youtubeurs parfois très populaires, de nombreux internautes, vidéastes ou non, ont rejoint la fraude, critiquant le « politiquement correct » qui, selon certains, irait « trop loin ». Le mot-clé #YouTubeIsOverParty (« fête de fin de YouTube ») a ainsi rassemblé des milliers de tweets.

Et pourtant, YouTube n’a rien changé, ces derniers jours, à sa politique de monétisation des contenus. Contrairement à ce qu’ont laissé entendre de nombreux internautes, l’entreprise n’a pas durci ses règles ni leur application. C’est en tout cas ce qu’elle a assuré à plusieurs reprises depuis le début de cette vague de mécontentement.

Néanmoins, elle a expliqué avoir modifié la façon dont elle informait les youtubeurs de cette démonétisation. Alors qu’auparavant, l’entreprise désactivait les publicités sans les prévenir, elle a récemment décidé de leur envoyer un courriel. Objectif, selon YouTube : « que la démonétisation des vidéos soit plus lisible pour les créateurs ». Ce qui l’a naturellement rendue d’un coup plus visible et a déclenché cette levée de boucliers.

YouTube affirme aussi souhaiter permettre aux créateurs « de faire appel plus facilement ». Il est effectivement possible pour eux, en cas de démonétisation, de demander à ce que leur situation soit réévaluée. Certains youtubeurs ont d’ailleurs annoncé que la publicité avait finalement été réactivée quelques heures après leur « appel ».