Il aura fallu six ans pour vider la décharge de Bonfol, un village suisse près de la frontière française, utilisée pendant quinze ans comme poubelle à ciel ouvert. | SEBASTIEN BOZON / AFP

Six ans de travaux, 345 millions d’euros et 202 000 tonnes de déchets dangereux évacués : les géants de l’industrie chimique de Bâle, en Suisse, ont annoncé vendredi 2 septembre qu’ils avaient fini de vider la décharge de Bonfol, un village près de la frontière française, utilisée pendant quinze ans comme poubelle à ciel ouvert.

Entamé en mars 2010, sous la pression du canton du Jura et des associations écologistes autour de Greenpeace, ce chantier visait à vider totalement un énorme trou creusé dans l’argile aux abords d’une forêt et rempli de déchets hautement toxiques : colorants, pesticides, solvants et autres métaux lourds...

Pour ce faire, les promoteurs du projet ont construit un immense hangar au-dessus de la décharge, de manière à éviter toute pollution pendant l’excavation. Ces infrastructures doivent être démontées d’ici à la fin de 2017, et le site reboisé d’ici à 2019.

Pollueur-payeur

A l’origine de cette accumulation, les géants de l’industrie chimique et pharmaceutique bâloise – parmi lesquels les prédécesseurs des actuels groupes Novartis, Roche, BASF, Clariant ou Syngenta –, qui avaient déversé leurs déchets de 1961 à 1976 dans cette ancienne carrière d’argile. Mais en 1998, la Suisse se dote d’une loi qui impose l’assainissement des sites contaminés : les déchets doivent être déterrés et évacués, et la facture incombe à celui qui les a déposés.

Il aura fallu six ans pour vider la décharge de Bonfol, un village suisse près de la frontière française, utilisée pendant quinze ans comme poubelle à ciel ouvert. | SEBASTIEN BOZON / AFP

Les travaux avaient dû cesser plusieurs mois après une explosion en juillet 2010, selon La Tribune de Genève. Le quotidien suisse cite un essai du journaliste José Ribeaud, publié en 2014, qui estime que la chimie aura dépensé plus de 450 millions d’euros depuis le début de l’exploitation de la décharge.

L’assainissement aura à lui seul coûté 345 millions d’euros, soit près du double de son budget initial, et révélé 50 000 tonnes de déchets de plus que prévu –, mais il s’agit de « matériaux mélangés », alors que, pour les déchets chimiques, l’estimation initiale de 114 000 tonnes « s’est confirmée », a souligné Michael Fischer, directeur de la société BCI Betrieb créée par les industries chimiques pour mener à bien ce projet d’assainissement hors norme.

Il reste encore sur place environ 4 000 tonnes de déchets, qui seront transportés au début de novembre vers trois sites spécialisés en Allemagne et en Belgique où ils seront incinérés. Pendant encore dix ans, les autorités cantonales du Jura suisse surveilleront les eaux souterraines et de surface, craignant un risque de contamination des sables autour de la décharge.