Funérailles du président Islam Karimov dans sa ville natale de Samarcande, en Ouzbékistan, le 3 septembre 2016. | HO / AFP

L’Ouzbékistan enterrait samedi 3 septembre son président, Islam Karimov, mort à 78 ans d’une hémorragie cérébrale après avoir dirigé d’une main de fer, pendant plus de vingt-cinq ans le pays le plus peuplé d’Asie centrale. Les funérailles du premier et seul président de l’Ouzbékistan indépendant se déroulent dans sa ville natale de Samarcande, dans le sud du pays, joyau historique sur la Route de la soie.

Les autorités de l’ex-République soviétique ont décrété trois jours de deuil national à compter de samedi. L’intérim est assuré par le président du Sénat, Nigmatilla Iouldachev, en attendant la tenue d’élections dans les trois prochains mois.

« Une perte irréparable »

Selon les images diffusées par la télévision nationale, une cérémonie d’adieux s’est tenue sous un soleil de plomb sur la place du Régistan dominée par trois impressionnantes universités islamiques des XVe et XVIIe siècles. Le corps a ensuite été porté par des hommes à travers la foule vers la nécropole du Chah i-Zinda, où M. Karimov doit être inhumé selon les rites musulmans.

« Notre peuple, l’Ouzbékistan a subi une perte irréparable », a déclaré le premier ministre Chavkat Mirzioïev, cité par l’agence russe Interfax. « La mort nous prive du fondateur de l’Etat ouzbek, du grand et cher fils de notre peuple », a-t-il ajouté. Karimov a agi « au nom de du maintien de l’indépendance de l’Ouzbékistan, d’une vie dans la paix et la tranquillité », a-t-il souligné, rappelant en particulier la menace terroriste, alors que le pays s’inquiète de la montée de l’islam radical et de l’influence de l’organisation Etat islamique.

Parmi les invités officiels figuraient le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, ainsi que le président tadjik, Emomali Rakhmon, et le premier ministre kazakh, Karim Maximov. La dépouille du président défunt avait été transportée en avion dans la matinée de la capitale Tachkent à Samarcande. Avant et après le vol, le cortège a parcouru les rues des deux villes où s’étaient massés des milliers d’Ouzbeks.

Plusieurs candidats à sa succession

Islam Karimov fait figure d’archétype des dirigeants arrivés au pouvoir avant la chute de l’Union soviétique, à l’instar du défunt président turkmène Saparmourat Niazov et de Noursoultan Nazarbaïev, toujours au pouvoir au Kazakhstan.

Né le 30 janvier 1938, il a gravi tous les échelons de l’appareil du Parti communiste à l’époque de l’URSS jusqu’à prendre la tête de la République soviétique d’Ouzbékistan. A l’indépendance, en 1991, il se maintient au pouvoir et s’emploie à éliminer tous ses opposants. De nombreuses ONG accusent M. Karimov d’avoir régulièrement truqué les élections, arrêté arbitrairement des centaines d’opposants et soutenu le recours à la torture dans les prisons.

Selon les experts, au moins trois hauts responsables ouzbeks pourraient chercher à prendre la succession d’Islam Karimov. Le premier ministre, Chavkat Mirzioïev, dirige la commission chargée d’organiser les funérailles, une indication sur le rôle important qu’il pourrait désormais jouer. Mais au moins deux autres hommes sont également pressentis, le ministre des finances, Roustam Azimov, et le puissant chef de la sécurité, Roustam Inoyatov, considéré comme l’un des responsables de la mort en 2005 de 300 à 500 manifestants pendant une manifestation à Andijan, réprimée par les forces de l’ordre.