Le président russe, Vladimir Poutine et son homologue américain, Barack Obama, en marge du sommet du G20 à Hangzhou, lundi 5 septembre 2016. | ALEXEI DRUZHININ / AFP

Américains et Russes n’ont pu trouver un accord sur la Syrie au sommet du G20 à Hangzhou, en Chine. Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, se sont revus lundi 5 septembre au matin pour de longues discussions, après un premier round de négociations dimanche en marge du sommet. Les différences persistent, a confié un diplomate américain.

Lors d’une déclaration devant la presse dimanche, M. Kerry avait concédé qu’il restait « des points épineux à régler » avant de parvenir à un accord sur un cessez-le-feu viable. « Un grand nombre de détails techniques ont été résolus, beaucoup de choses se sont éclaircies, mais il reste un certain nombre de points épineux, et nous devons nous assurer de parvenir à une résolution qui soit confortable pour nous deux », a-t-il déclaré. Mais Washington accuse Moscou « d’avoir fait marche arrière » sur certains points des discussions.

« Beaucoup de choses se sont éclaircies, mais il reste un certain nombre de points épineux »

Selon l’émissaire américain pour la Syrie, Michael Ratney, l’accord en cours de négociation prévoit notamment un cessez-le-feu dans l’ensemble du pays, la levée du blocus d’Alep et la démilitarisation de la région située au nord de cette ville.

De longues négociations ont déjà eu lieu entre les équipes de MM. Lavrov et Kerry à Genève, le 26 août, afin de trouver le moyen de distinguer les djihadistes d’un côté des groupes rebelles soutenus par les Etats-Unis et leurs alliés de l’autre. Et de mettre fin aux bombardements, par l’aviation syrienne, des positions de ces derniers.

Russes et Américains concentreraient leurs attaques contre l’organisation Etat islamique (EI) et les groupes sous contrôle d’Al-Qaida. La montée en puissance du Front Fatah Al-Cham, l’ancien Front Al-Nosra, qui a changé de nom après avoir formellement rompu avec Al-Qaida, complique aussi la donne.

« Sérieuses divergences » entre Obama et Poutine

Dans la matinée, le président américain, Barack Obama, avait fait part de son scepticisme sur la possibilité de parvenir tout de suite à un accord de cessez-le-feu. « Nous n’y sommes pas encore, a-t-il confié aux journalistes à l’issue de sa rencontre avec Theresa May, la première ministre britannique. Nous avons de sérieuses divergences avec les Russes à la fois sur les groupes que nous soutenons, mais aussi sur le processus requis afin de faire régner la paix en Syrie. »

La Maison Blanche ne cache pas sa réticence à associer le président à un accord mal bouclé qui, comme les précédents, ne serait pas respecté. Le président français, François Hollande, a par ailleurs exhorté son homologue russe, Vladimir Poutine, à trouver « une issue politique » au conflit.

Le sommet du G20 à Hangzhou est aussi la première grande sortie internationale du président turc, Recep Tayyip Erdogan, depuis le coup d’Etat manqué du 15 juillet. M. Erdogan a eu pendant le week-end des entretiens bilatéraux sur la Syrie avec Angela Merkel, la chancelière allemande, Vladimir Poutine et Barack Obama.

Le président américain s’est réjoui, au début de leur rencontre, que M. Erdogan soit « ici, sain et sauf » et de « pouvoir travailler ensemble » après « le coup d’Etat terrible ». Il a évité toute critique de la répression contre les putschistes et leurs réseaux présumés, promettant l’aide de Washington « pour mener les responsables devant la justice ». Sans toutefois se prononcer sur les exigences turques de voir extrader par les Etats-Unis l’imam Fethullah Gülen, qui vit en exil en Pennsylvanie.

« Conversation franche » entre Poutine et Erdogan

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et son homologue russe, Vladimir Poutine, lors du sommet du G20 à Hangzhou, en Chine, dimanche 4 septembre 2016. | DAMIR SAGOLJ / REUTERS

Le président américain a salué les efforts d’Ankara pour le « soutien humanitaire exceptionnel » apporté aux réfugiés. « La Turquie accueille davantage de réfugiés que n’importe quel autre pays dans le monde et elle est devenue un partenaire crucial pour fournir une assistance aux civils vulnérables en provenance de Syrie et d’Irak », a déclaré M. Obama, notant que la Turquie ne devait pas « porter ce fardeau toute seule ». Les Etats-Unis ont besoin de coopérer étroitement avec la Turquie lors de la nouvelle phase qui s’est engagée sur le théâtre syrien.

Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine ont fini de rompre la glace entre les deux pays depuis les excuses, au début de l’été, du président turc pour la destruction d’un avion russe par deux chasseurs turcs en 2015. Ils ont eu une « conversation franche et approfondie » sur la question syrienne, a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de M. Poutine. Les deux délégations ont avancé sur la restauration de tous les domaines de coopération, dont, a-t-il précisé, le projet de gazoduc entre la Russie et la Turquie à travers la mer Noire, suspendu en 2015.