Capture d’écran de la vidéo mise en ligne sur le site du ministère de la défense russe  et montrant en direct les quartiers est d’Alep, jeudi 15 septembre 2016. | Ministère russe de la défense

Le QG de l’état-major russe avait averti : Moscou allait envoyer des « moyens supplémentaires de renseignement » en Syrie. Passage aux travaux pratiques, jeudi 15 septembre : Igor Konachenkov, porte-parole du ministère de la défense russe, a annoncé la retransmission, en direct, de l’observation du cessez-le-feu dans la région d’Alep, sur son site officiel.

« Afin d’assurer la transparence de la mise en œuvre du cessez-le-feu, écrit-il dans un communiqué, le ministère organise la diffusion de la situation à Alep », à l’aide de caméras de surveillance et de drones. Pour l’instant, seul les quartiers est de la ville sont concernés, mais, est-il précisé, « à l’avenir, le nombre d’éléments de surveillance en ligne sera augmenté ».

Voir la vidéo en direct : Suivi aérien des districts de l’est d’Alep du ministère russe de la défense

Vu du ciel, un paysage de bâtiments et de routes quasi désertes défile sur des images de mauvaise qualité, sans indication précise de lieu. Cette nouvelle opération de communication de l’armée russe intervient soixante-douze heures après l’instauration d’un cessez-le-feu négocié par la Russie et les Etats-Unis au terme d’un accord signé à Genève dans la nuit du 9 au 10 septembre, et prolongé à nouveau de quarante-huit heures.

Pleinement engagées au côté de l’un des belligérants majeurs du conflit syrien, le régime de Bachar Al-Assad, les forces militaires russes déployées sur le terrain depuis bientôt un an par le président Vladimir Poutine tentent aujourd’hui de se muer en contingent garant de la trêve et pourvoyeur d’aide humanitaire.

Or cette aide, malgré la diminution des violences, n’est toujours pas parvenue aux habitants des quartiers rebelles assiégés d’Alep. Contrairement aux engagements pris, les troupes de l’armée syrienne ne s’étaient pas retirées, jeudi matin, de la route du Castello, un axe stratégique aux abords de la ville.

Jeudi en début d’après-midi, une vingtaine de camions transportant de la nourriture étaient entrés en Syrie depuis la Turquie, mais attendaient toujours l’autorisation de Damas pour se rendre dans les villes assiégées.

« Déception »

Depuis Genève, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a exhorté le régime syrien à autoriser « immédiatement » la distribution de l’aide humanitaire, en affirmant que ce retard constituait « une déception » pour les Russes qui le soutiennent. Tout en lançant son opération « surveillance » par les airs, Moscou continue cependant de soutenir plus que jamais son allié.

Dans un autre communiqué publié jeudi, le général-major Konachenkov affirme que « seule, l’armée syrienne respecte le mode de silence » tandis que « l’opposition modérée sous contrôle des Etats-Unis a augmenté le nombre d’attaques sur les quartiers résidentiels ».

Sous « un écran de fumée verbale », accuse-t-il, Washington dissimule « le fait qu’il ne remplit pas sa part des engagements, en premier lieu sur la séparation des rebelles modérés d’avec les terroristes ». La Russie, elle, « a, dès les premières minutes, rempli ses obligations ».

Ce n’est pas la première fois que l’armée russe a recours à des opérations de communication en Syrie, pour accroître son influence. En mai, elle avait ainsi organisé un concert lyrique dans les ruines de Palmyre, tout juste « libérée » de l’organisation Etat islamique.

En prenant le contrôle des images aux abords d’Alep, Moscou tente une nouvelle fois de prendre l’ascendant dans un conflit qui a fait plus de 300 000 morts en cinq ans.

Syrie : un orchestre symphonique russe donne un concert dans l’amphithéâtre de Palmyre
Durée : 00:36