Les Journées européennes du patrimoine des 17 et 18 septembre sont une occasion idéale pour découvrir, dans la Somme, l’abbaye et le jardin de Valloires (qui restent ouverts à la visite, de mars à novembre pour l’abbaye, toute l’année pour le jardin).

L’abbaye cistercienne du XIIe siècle, largement délabrée après la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion, a été entièrement reconstruite au XVIIIe siècle. Un sculpteur autrichien, Simon Pfaff de Pfaffenhoffen, réfugié en France, a réalisé le décor intérieur – notamment la salle capitulaire, le maître-autel et l’exceptionnel buffet d’orgue. Egalement à signaler, le cloître et, dressé sur une façade, un poirier planté en… 1756, l’un des plus vieux de France.

L’association propriétaire de l’abbaye gère une maison d’enfants en difficulté et un centre pour personnes âgées, dans la continuité de l’action de Thérèse Papillon, sa fondatrice au lendemain de la première guerre mondiale, qui y ouvrit un préventorium. Pour se financer, l’association loue des chambres, et même de modestes « suites », sobrement décorées, dont certaines ont une vue exceptionnelle sur le jardin.

L’aspect décoratif privilégié

C’est en 1986 que l’aménagement de celui-ci a été confié par le syndicat mixte qui en assure la gestion au paysagiste Gilles Clément, dont cela a été la première réalisation d’importance. La particularité du projet a consisté à implanter la collection végétale, en provenance d’Asie et d’Amérique du Nord, d’un pépiniériste, Jean-Louis Cousin. Au lieu de procéder à un classement botanique ou géographique, l’auteur du Jardin planétaire a privilégié l’aspect décoratif, jouant sur les formes et les couleurs des feuillages ou des écorces. Trente ans après, le résultat est là, spectaculaire.

La visite commence par le « cloître végétal », dont la régularité des ifs taillés évoque celle du cloître en pierre de l’abbaye et le dessin en carrés de la roseraie. Une allée de cerisiers, éblouissante en avril, lors de la floraison, surplombe un jardin blanc. Sur une pente, le jardin des îles décline ses thèmes aux noms évocateurs : île des feuilles dorées, île argentée, île des épines douces… Après le jardin des cinq sens, celui de l’évolution est un hommage à Jean-Baptiste Lamarck, botaniste né dans la Somme, premier savant à avoir inventorié les nuages. Enfin, dans les canaux du jardin des marais, se reflète le ciel, qui, le rappelle Gilles Clément, « fait [aussi] partie du jardin ».

Sur le Web : www.abbaye-valloires.com, www.baiedesomme.fr/lieu/1-15-jardins-de-valloires et la carte interactive des monuments à visiter pour les Journées européennes du patrimoine