Thomas Bouvais lors des Jeux de Londres en 2012. | FFH

A Rio, le pongiste Thomas Bouvais n’aura pas rapporté de médailles des Jeux paralympiques, mais il peut s’enorgueillir d’une autre qualité, celle d’être seulement le deuxième athlète français de l’histoire atteint de nanisme à participer à la grand-messe planétaire du handisport, après la spécialiste des lancers Patricia Marquis, aujourd’hui membre du comité directeur de la Fédération française de handisport et qui avait concouru aux Jeux d’Athènes en 2004.

Licencié au club d’Eaubonne dans le Val-d’Oise, Thomas Bouvais, qui disputait à 25 ans ses deuxièmes JO après ceux de Londres en 2012, a été éliminé au premier tour en simple, dimanche 11 septembre, et a également été battu lors du premier match par équipes face à la Hongrie, mercredi 14 septembre. Alors qu’à Londres il était membre de la classe 9, il se trouve désormais dans la classe 8, après une demande de reclassification.

Achondroplasie

En tennis de table, les cinq premières classes sont réservées aux pongistes en fauteuil et les classes de 6 à 10 aux personnes debout mais qui souffrent de handicaps divers. La classe 6 regroupe les sportifs dont le handicap des membres inférieurs est le plus prégnant. « J’ai fait une demande pour changer de classification en 2013 après Londres. Il faut monter un dossier et notamment faire expertiser ses déplacements. Cela devenait compliqué pour moi au sein de la classe 9 », raconte Thomas Bouvais.

Le spécialiste de tennis de table souffre d’une des trois grandes familles de nanisme, l’achondroplasie. En début d’année, après avoir remporté le titre d’athlète de l’année du Val-d’Oise, il expliquait à un journal local, Journal de François, son handicap : « J’ai une hyperlordose et une fragilité au niveau des articulations, des douleurs à l’épaule, aux genoux. Je ne peux pas rester longtemps debout sans avoir mal au dos, mal aux hanches ayant une jambe plus haute que l’autre… Je dirais même que j’ai plus de douleur en marchant qu’en courant. »

La reconnaissance du nanisme par l’IPC, le Comité international paralympique, date de 2001. Un seul sport comporte des catégories réservées aux personnes de petite taille lors des Jeux olympiques. En athlétisme, les lancers de poids, de disque et de javelot possèdent cette particularité. Dans tous les autres sports, les sportifs de petite taille sont opposés à des athlètes aux handicaps différents. « On essaie d’équilibrer les handicaps, de rendre les compétitions équitables », explique Thomas Bouvais.

Lors des compétitions de tennis de table, il est de bon ton de jouer sur le point faible de son adversaire. « J’ai du mal avec les déplacements latéraux. Je manque de puissance sur les balles hautes et je suis gêné par l’effet lifté au moment où la balle saute au contact de la table », raconte le pongiste, vice-champion du monde par équipes en 2010.

Tennis de Table - Thomas Bouvais Qualifié aux Jeux Paralympiques
Durée : 09:24

A la différence des pays anglo-saxons, la France a encore beaucoup de travail à effectuer sur la pratique sportive des personnes atteintes de nanisme. A 46 ans, Alain Dajean, président de France Nano Sports, lui-même ancien sportif de haut niveau de petite taille, se bat pour faire évoluer les choses.

« En Angleterre ou aux Etats-Unis, les personnes de petite taille nagent. Chez nous, on expliquait que nous n’étions pas faits pour ça physiologiquement. Nous devons avoir une quinzaine d’athlètes capables de rivaliser au niveau mondial dans les compétitions réservées. Sur une population estimée à 15 000, c’est très peu. Je me bagarre sans arrêt, par exemple avec l’éducation nationale où souvent on ne veut pas prendre le risque. »

Dès l’enfance, Thomas Bouvais s’est passionné pour le sport. Il a d’abord pratiqué le football et le badminton, avant de choisir le tennis de table. Un temps membre de l’association France Nano Sports, qui favorise la pratique sportive des personnes de petite taille, il y a puisé un encouragement : « L’association m’a permis de découvrir qu’il était possible d’accéder au haut niveau. »

« Les Jeux mondiaux pour les nains »

L’association a été créée en 1998, un an après le retour d’Alain Dajean des deuxièmes World Dwarf Games, littéralement les « Jeux mondiaux pour les nains ». Cette compétition existe toujours et se déroule tous les quatre ans. La prochaine édition aura lieu au Canada en 2017.

« Nous avons une trentaine de membres annuels mais une cinquantaine de personnes participent à des activités tout au long de l’année. Il n’y a pas d’exigence de performances. On permet le sport loisir aussi bien que la compétition. Le but est de faire prendre conscience aux personnes de petite taille que le sport leur est accessible et même recommandé… », défend Alain Dajean, ancien spécialiste des courses, qui ne rechigne pas à s’aligner encore au sein de l’équipe de foot à cinq de son association.

A Rio, Thomas Bouvais a remarqué la présence de plus d’athlètes de petite taille qu’à Londres. Preuve que les choses vont dans le bon sens au niveau mondial. Peut-être à l’avenir l’IPC ouvrira-t-elle lors des Jeux paralympiques plus de catégorie réservée au sein d’autres sports ? « S’il y avait une classe petite taille en tennis de table, ça serait plus simple. Forcément, j’y prendrais part… Mais ce n’est nullement une attente pour moi. J’aime quand le niveau est plus élevé pour moi. Ça me permet de progresser et de travailler dur », lance Thomas Bouvais, emprunt d’esprit sportif.

Thomas Bouvais à Londres en 2012.