Le cessez-le-feu construit par les Etats-Unis et la Russie en Syrie, entré en vigueur en début de semaine, a déjà été prolongé de quarante-huit heures mercredi soir.

Il devrait l’être à nouveau, dans la soirée de vendredi 16 septembre, si un certain nombre de points d’achoppement et de discorde – Washington et Moscou s’accusent mutuellement de ne pas appliquer pleinement l’accord, des combats sporadiques ont repris après une accalmie, l’aide humanitaire reste bloquée – sont résolus, ou au moins clarifiés, d’ici là.

La Russie dit vouloir une prolongation de 72 heures

Les chefs de diplomatie américaine John Kerry et russe Sergueï Lavrov. | KEVIN LAMARQUE / AFP

Malgré « quelques revers » et « de nombreuses violations » depuis le début du cessez-le-feu, le ministère de la défense russe a fait savoir que Moscou souhaitait une prolongation de « soixante-douze heures de plus ».

Les Russes n’ont donné à cette prolongation qu’une condition : que les Américains prennent des « mesures décisives » pour que les rebelles syriens qu’ils soutiennent respectent la suspension des combats. « Bien que le cessez-le-feu soit un accord bilatéral, seul un des belligérants le respecte véritablement », a déclaré le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère de la défense, en faisant référence à l’armée régulière syrienne.

Les Etats-Unis veulent la fin du blocage de l’aide humanitaire

Les Etats-Unis ont répété, vendredi, que les manquements les plus importants de l’application de cet accord étaient, à leurs yeux, « les retards répétés et inacceptables de l’aide humanitaire ». Cela est imputé directement au manque de coopération du régime de Damas, soutenu par la Russie, dont le refus de se retirer de certaines zones empêche l’acheminement de l’aide humanitaire, bloquée depuis jeudi près de la frontière avec la Turquie.

Le département d’Etat a rappelé qu’il n’y aura aucune coopération militaire avec la Russie tant que le régime de Bachar Al-Assad ne permettra pas aux villes assiégées de recevoir de l’aide humanitaire. Une porte-parole de la Maison Blanche a résumé la situation ainsi :

« A l’heure qu’il est, les camions qui pourraient acheminer de l’aide vitale attendent. Cela relève de la responsabilité directe du régime et de ses bienfaiteurs à Moscou. »

L’ONU doit décider si elle met son poids dans l’accord

L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura. | FABRICE COFFRINI / AFP

Le Conseil de sécurité veut examiner l’opportunité de soutenir cet accord, lors d’une réunion à huis clos dans la soirée de vendredi en présence des chefs de la diplomatie américain, John Kerry, et russe, Sergueï Lavrov, selon plusieurs diplomates cités anonymement par l’AFP. Les Etats-Unis pèseront préalablement pour l’application de l’accord lors d’une réunion de l’équipe de sécurité du président Barack Obama.

Des combats sporadiques reprennent à Damas et à Idlib

KHALIL ASHAWI / REUTERS

Après trois jours de diminution significative des combats au sol, sans aucun mort signalé, plusieurs civils, dont au moins deux enfants, ont été tués jeudi soir dans un bombardement dans la province d’Idlib, contrôlée par les rebelles, selon l’Observatoire syrien des droits humains (OSDH).

Dans la province d’Idlib, des groupes rebelles ont tiré en direction de villages chiites. Des fusillades et des explosions ont également été entendues dans les quartiers est de Damas, selon des témoins cités par des agences de presse.

Les régions sous contrôle de groupes djihadistes, comme l’organisation Etat islamique et le Front Fatah Al-Cham, ex-Front Al-Nosra, sont exclues de l’accord de trêve et continuent d’être la cible de frappes aériennes russes, du régime syrien et des Etats-Unis.