L’ancien chef de file du parti europhobe britannique UKIP, Nigel Farage, félicite chaleureusement sa successrice, Diane James. | DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Après le triomphe du Brexit, le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, extrême droite) a-t-il un avenir dans la vie politique britannique ? Tel est le défi que promet de relever Diane James, la députée européenne de 56 ans dont l’élection à la tête du mouvement, en remplacement du truculent Nigel Farage, a été annoncée vendredi 16 septembre au congrès de Bournemouth. Troisième force politique aux élections législatives de 2015 (12,6 % des voix mais un seul député), l’UKIP pourrait connaître des jours difficiles après avoir conquis sa quasi unique revendication – la sortie de l’Union européenne. Et ce d’autant qu’il est secoué par une profonde crise interne.

Sur un ton acéré, Diane James, dauphine implicitement désignée par Nigel Farage, s’est posée en garante d’un « Brexit à 100 % », notamment en matière d’immigration. « 17,4 millions de gens [le score du “oui” au Brexit] ont voté pour le contrôle des frontières. Si les Tories ne sont pas fermes sur ce point, l’UKIP les combattra. » Accusant Theresa May de « voler » le programme de son parti en annonçant le retour des collèges sélectifs (« grammar schools ») et de vouloir trahir le vote anti-UE de juin, elle a mis en garde contre un « Brexit light » qui se traduirait, selon elle, par le maintien des réglementations de l’UE qu’elle refuse absolument.

« Parti d’opposition en puissance »

« Les menaces sur le Brexit augmentent de jour en jour. Arrêtez d’esquiver et invoquez l’article 50 [sur la sortie de l’UE] avant Noël ! » a-t-elle lancé à l’adresse de Theresa May. Le gouvernement britannique est tiraillé entre les deux promesses inconciliables des « brexiters » : l’accès sans droit de douane au marché unique européen, et la mise en place d’un contrôle à l’entrée des ressortissants européens.

Ancienne cadre de l’industrie pharmaceutique et chef d’entreprise, Mme James a promis de reprendre en main le parti où de multiples factions s’accusent mutuellement de complots. La nouvelle dirigeante est soutenue par Arron Banks, le banquier millionnaire proche de Nigel Farage, qui finance généreusement l’UKIP, mais pousse à des réformes de structure. Vendredi, la nouvelle dirigeante a mis en avant ses compétences managériales et promis de transformer l’organisation en « machine à gagner », ainsi que de la mettre en ordre de marche pour les prochaines élections.

Insistant sur la grave crise qui secoue le parti travailliste, elle s’est posée en nouvelle dirigeante du « parti d’opposition en puissance ». Lors des récents scrutins, l’UKIP a grignoté des voix d’électeurs de gauche et 37 % des électeurs du Labour ont voté pour le Brexit lors du référendum. Mais le système électoral à un tour, qui favorise les deux principaux partis, empêche l’UKIP de percer au Parlement de Westminster, cœur de la démocratie britannique où Nigel Farage, en dépit de son grand talent de bateleur, n’a jamais réussi à se faire élire.