Plus d’un million de Soudanais du Sud ont fui leur pays, selon un bilan établi cette semaine par le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) de l’Organisation des Nations unies (ONU) publié vendredi 16 septembre. « Le nombre de réfugiés du Soudan du Sud dans les pays voisins a dépassé cette semaine le seuil du million, y compris les 185 000 personnes qui ont fui le pays depuis l’éclatement de nouvelles violences à Juba le 8 juillet », a annoncé un porte-parole du HCR à Genève.

Le Soudan du Sud rejoint ainsi la Syrie, l’Afghanistan et la Somalie, trois pays dont les réfugiés ont dépassé le seuil du million, a précisé le HCR.

En outre, environ 1,61 million de Soudanais du Sud ont quitté leurs foyers pour se réfugier dans d’autres régions du pays. Le Soudan du Sud est ravagé par une guerre civile depuis décembre 2013, et une nouvelle flambée de violence a éclaté en juillet.

La plupart des nouveaux réfugiés enregistrés par le HCR ont traversé la frontière pour se rendre en Ouganda (143 164). Certains se sont aussi rendus en Ethiopie, et d’autres au Kenya, en République démocratique du Congo (RDC) et en République centrafricaine.

Le Soudan du Sud est devenu indépendant en juillet 2011 par la partition du Soudan, au terme de vingt-cinq ans de guerre civile. Mais le pays a plongé à nouveau dans la guerre civile en décembre 2013, un conflit qui a provoqué plusieurs dizaines de milliers de morts et été marqué par des atrocités, dont des massacres à caractère ethnique. En outre, près de cinq millions de Soudanais du Sud, soit plus d’un tiers de la population, font face à une insécurité alimentaire « sans précédent », selon l’ONU.

65 millions de déplacés dans le monde

Les personnes déplacées deviennent un défi majeur pour les pays en développement, qui accueillent 95 % d’entre elles fuyant une dizaine de conflits, quasi les mêmes depuis vingt-cinq ans, relève par ailleurs un rapport de la Banque mondiale publié jeudi. La présence de ces populations démunies « affecte les perspectives de développement des communautés qui les accueillent » et « nourrissent aussi des réactions xénophobes, même dans les pays riches », écrit l’auteur du rapport, Xavier Devictor. L’institution appelle les acteurs du développement à aider davantage les pays hôtes par des prêts et des dons.

Quelque 65 millions de personnes dans le monde vivent « en déplacement forcé », soit presque 1 % de la population du globe. Parmi elles, on compte 24 millions de réfugiés et demandeurs d’asile qui ont traversé des frontières et 41 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays.

Au cours des vingt-cinq dernières années, ce sont quasi toujours les mêmes conflits qui ont provoqué la majorité de ces fuites de populations : en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Burundi, en République démocratique du Congo, en Somalie et au Soudan, en Colombie, dans le Caucase et dans l’ex-Yougoslavie.

Seulement un gros quart des déplacés (27 %) reviennent dans la région qu’ils ont quittée. Nombreux sont ceux qui vont plutôt gonfler les régions urbaines, comme Kaboul, Afghanistan ; Juba, au Soudan du Sud ; Luanda, en Angola ; ou Monrovia, au Libéria.

Parmi les quinze pays qui accueillent le plus de réfugiés figurent la Turquie, le Liban, la Jordanie, voisins de la Syrie avec 27 % de tous les réfugiés. Le Pakistan et l’Iran, voisins de l’Afghanistan, reçoivent 16 % des réfugiés. Enfin l’Ethiopie et le Kenya, voisins de la Somalie et du Soudan du Sud, en accueillent 7 %.